des, l'autre en Syrie. Ces deux armees
devaient agir simultanement au printemps de 1799, l'une en venant
debarquer a Aboukir, pres d'Alexandrie, l'autre en traversant le desert
qui separe la Syrie de l'Egypte. Bonaparte sentit sur-le-champ sa
position, et voulut, suivant son usage, deconcerter l'ennemi en le
prevenant par une attaque soudaine. Il ne pouvait pas franchir le desert
qui separe l'Egypte de la Syrie, dans la belle saison, et il resolut
de profiter de l'hiver pour aller detruire les rassemblemens qui se
formaient a Acre, a Damas, et dans les villes principales. Le celebre
pacha d'Acre, Djezzar, etait nomme seraskier de l'armee reunie en Syrie.
Abdallah, pacha de Damas, commandait son avant-garde, et s'etait avance
jusqu'au fort d'El-Arisch, qui ouvre l'Egypte du cote de la Syrie.
Bonaparte voulut agir sur-le-champ. Il avait des intelligences parmi
les peuplades du Liban. Les Druses, tribus chretiennes, les Mutualis,
mahometans schismatiques, lui offraient leur secours, et l'appelaient de
tous leurs voeux. En brusquant l'assaut de Jaffa, d'Acre et de quelques
places mal fortifiees, il pouvait s'emparer en peu de temps de la Syrie,
ajouter cette belle conquete a celle de l'Egypte, devenir maitre
de l'Euphrate comme il l'etait du Nil, et avoir alors toutes les
communications avec l'Inde. Son ardente imagination allait plus loin
encore, et formait quelques-uns des projets que ses admirateurs lui
pretaient en Europe. Il n'etait pas impossible qu'en soulevant
les peuplades du Liban, il reunit soixante ou quatre-vingt mille
auxiliaires, et qu'avec ces auxiliaires, appuyes de vingt-cinq mille
soldats, les plus braves de l'univers, il marchat sur Constantinople
pour s'en emparer. Que ce projet gigantesque fut executable ou non, il
est certain qu'il occupait son imagination; et quand on a vu ce qu'il
a fait aide de la fortune, on n'ose plus declarer insense aucun de ses
projets.
[Note 8: Cet evenement eut lieu le 30 vendemiaire an VII (21 octob.
1798).]
Bonaparte se mit en marche en pluviose (premiers jours de fevrier), a
la tete des divisions Kleber, Regnier, Lannes, Bon et Murat, fortes de
treize mille hommes environ. La division de Murat etait composee de la
cavalerie. Bonaparte avait cree un regiment d'une arme toute nouvelle:
c'etait celui des dromadaires. Deux hommes, assis dos a dos, etaient
portes sur un dromadaire, et pouvaient, grace a la force et a la
celerite de ces animaux, faire vingt-cinq ou trente l
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