vec Melas en Italie. Le
conseil aulique imagina de transporter l'archiduc Charles sur le Rhin,
et Suwarow en Suisse. De cette maniere les deux armees russes devaient
agir toutes deux en Suisse. Les Autrichiens devaient agir seuls sur le
Rhin; ils devaient aussi agir seuls en Italie, ou ils allaient etre
bientot renforces par une nouvelle armee, destinee a remplir le
vide laisse par Suwarow. Le conseil aulique donna pour raison de ce
changement, qu'il fallait faire combattre ensemble les troupes de chaque
nation; que les Russes trouveraient en Suisse une temperature plus
analogue a leur climat, et que le mouvement de l'archiduc Charles sur
le Rhin seconderait l'expedition de Hollande. L'Angleterre ne pouvait
manquer d'approuver ce plan, car elle esperait beaucoup, pour
l'expedition de Hollande, de la presence de l'archiduc Charles sur le
Rhin, et elle n'etait pas fachee que les Russes, entres deja a Corfou,
et ayant le projet de s'emparer de Malte, fussent ecartes de Genes.
Ce revirement, execute en presence de Massena, etait excessivement
dangereux, et d'ailleurs il transportait les Russes sur un theatre qui
ne leur convenait pas du tout. Ces soldats, habitues a charger en plaine
et a la baionnette, ne savaient pas tirer un coup de fusil; et ce qu'il
faut par-dessus tout dans les montagnes, ce sont d'habiles tirailleurs.
Le conseil aulique qui, suivant l'esprit des cabinets, faisait passer
les raisons politiques avant les raisons militaires, defendit a ses
generaux de faire une seule objection, et ordonna la rigoureuse
execution de ce plan, pour les derniers jours d'aout (milieu de
fructidor).
On a deja decrit la configuration du theatre de la guerre et la
distribution des armees sur ce theatre[9]. Les eaux partant des
Grandes-Alpes, et tantot coulant en forme de fleuves, tantot sejournant
en forme de lacs, presentaient differentes lignes inscrites les unes
dans les autres, commencant a droite contre une grande chaine de
montagnes, et allant finir, a gauche, dans le grand fleuve qui separe
l'Allemagne de la France. Les deux principales etaient celles du Rhin et
de la Limmat. Massena, oblige d'abandonner celle du Rhin, s'etait replie
sur celle de la Limmat. Il avait meme ete oblige de se retirer un peu en
arriere de celle-ci, et de s'appuyer sur l'Albis. La ligne de la Limmat
n'en separait pas moins les deux armees. Cette ligne se composait de la
Lint, qui nait contre les Grandes-Alpes, dans le canton de Glaris, et se
|