Mais Djezzar
s'y etait enferme avec toutes ses richesses et une forte garnison. Il
comptait sur l'appui de Sidney-Smith, qui croisait dans ces parages,
et qui lui fournit des ingenieurs, des canonniers et des munitions. Il
devait d'ailleurs etre bientot secouru par l'armee turque reunie en
Syrie, qui s'avancait de Damas pour franchir le Jourdain. Bonaparte se
hata d'attaquer la place pour l'enlever comme celle de Jaffa, avant
qu'elle fut renforcee de nouvelles troupes, et que les Anglais eussent
le temps d'en perfectionner la defense. On ouvrit aussitot la tranchee.
Malheureusement l'artillerie de siege, qui devait venir par mer
d'Alexandrie, avait ete enlevee par Sidney-Smith. On avait pour toute
artillerie de siege et de campagne, une caronade de trente-deux, quatre
pieces de douze, huit obusiers, et une trentaine de pieces de quatre.
On manquait de boulets, mais on imagina un moyen de s'en procurer.
On faisait paraitre sur la plage quelques cavaliers; a cette vue
Sidney-Smith faisait un feu roulant de toutes ses batteries, et les
soldats, auxquels on donnait cinq sous par boulet, allaient les ramasser
au milieu de la canonnade et de rires universels.
La tranchee avait ete ouverte le 30 ventose (20 mars). Le general du
genie Sanson, croyant etre arrive dans une reconnaissance de nuit au
pied du rempart, declara qu'il n'y avait ni contrescarpe ni fosse. On
crut n'avoir a pratiquer qu'une simple breche et a monter ensuite a
l'assaut. Le 5 germinal (25 mars), on fit breche, on se presenta a
l'assaut, et on fut arrete par une contrescarpe et un fosse. Alors on se
mit sur-le-champ a miner. L'operation se faisait sous le feu de tous les
remparts et de la belle artillerie que Sidney-Smith nous avait enlevee.
Il avait donne a Djezzar d'excellens pointeurs anglais, et un ancien
emigre, Phelippeaux, officier du genie d'un grand merite. La mine sauta
le 8 germinal (28 mars), et n'emporta qu'une partie de la contrescarpe.
Vingt-cinq grenadiers, a la suite du jeune Mailly, monterent a l'assaut.
En voyant ce brave officier poser une echelle, les Turcs furent
epouvantes, mais Mailly tomba mort. Les grenadiers furent alors
decourages, les Turcs revinrent, deux bataillons qui suivaient furent
accueillis par une horrible fusillade; leur commandant Laugier fut tue,
et l'assaut manqua encore.
Malheureusement la place venait de recevoir plusieurs mille hommes de
renfort, une grande quantite de canonniers exerces a l'europeenne, et
des
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