ieues sans
s'arreter. Bonaparte avait forme ce regiment pour donner la chasse aux
Arabes, qui infestaient les environs de l'Egypte. Ce regiment suivait
l'armee d'expedition. Bonaparte ordonna en outre au contre-amiral Perree
de sortir d'Alexandrie avec trois fregates, et de venir sur la cote de
Syrie pour y transporter l'artillerie de siege et des munitions. Il
arriva devant le fort d'El-Arisch le 29 pluviose (17 fevrier). Apres un
peu de resistance, la garnison se rendit prisonniere au nombre de
treize cents hommes. On trouva dans le fort des magasins considerables.
Ibrahim-Bey ayant voulu le secourir, fut mis en fuite; son camp resta
au pouvoir des Francais, et leur procura un butin immense. Les soldats
eurent beaucoup a souffrir en traversant le desert, mais ils voyaient
leur general marchant a leurs cotes, supportant, avec une sante debile,
les memes privations, les memes fatigues, et ils n'osaient se
plaindre. Bientot on arriva a Gasah; on prit cette place a la vue de
Djezzar-Pacha, et on y trouva comme dans le fort d'El-Arisch, beaucoup
de materiel et d'approvisionnemens. De Gasah l'armee se dirigea sur
Jaffa, l'ancienne Joppe. Elle y arriva le 13 ventose (3 mars). Cette
place etait entouree d'une grosse muraille flanquee de tours. Elle
renfermait quatre mille hommes de garnison. Bonaparte la fit battre en
breche, et puis somma le commandant, qui pour toute reponse coupa la
tete au parlementaire. L'assaut fut donne, la place emportee avec une
audace extraordinaire, et livree a trente heures de pillage et de
massacres. On y trouva encore une quantite considerable d'artillerie et
de vivres de toute espece. Il restait quelques mille prisonniers, qu'on
ne pouvait pas envoyer en Egypte, parce qu'on n'avait pas les moyens
ordinaires de les faire escorter, et qu'on ne voulait pas renvoyer a
l'ennemi, dont ils auraient grossi les rangs. Bonaparte se decida a une
mesure terrible, et qui est le seul acte cruel de sa vie. Transporte
dans un pays barbare, il en avait involontairement adopte les moeurs: il
fit passer au fil de l'epee les prisonniers qui lui restaient. L'armee
consomma avec obeissance, mais avec une espece d'effroi, l'execution
qui lui etait commandee. Nos soldats prirent en s'arretant a Jaffa les
germes de la peste.
Bonaparte s'avanca ensuite sur Saint-Jean-d'Acre, l'ancienne Ptolemais,
situe au pied du mont Carmel. C'etait la seule place qui put encore
l'arreter. La Syrie etait a lui s'il pouvait l'enlever.
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