brigade Bontemps, par un detour, etait venu regagner la route de
Vintherthur. Le lendemain 4 vendemiaire (26 septembre), le combat devait
etre acharne, car les Russes voulaient se faire jour, et les Francais
voulaient recueillir d'immenses trophees. Le combat commenca de
bonne heure. La malheureuse ville de Zurich, encombree d'artillerie,
d'equipages, de blesses, attaquee de tous cotes, etait comme enveloppee
de feux. De ce cote-ci de la Limmat, Mortier et Klein l'avaient abordee,
et etaient pres d'y penetrer. Au-dela, Oudinot la serrait par derriere
et voulait fermer la route a Korsakoff. Cette route de Vintherthur,
theatre d'un combat sanglant, avait ete prise et reprise plusieurs fois.
Korsakoff, songeant enfin a se retirer, avait mis son infanterie en
tete, sa cavalerie au centre, son artillerie et ses equipages a la
queue. Il s'avancait ainsi formant une longue colonne. Sa brave
infanterie, chargeant avec furie, renverse tout devant elle, et s'ouvre
un passage; mais quand elle a passe avec une partie de la cavalerie, les
Francais reviennent a la charge, attaquent le reste de la cavalerie
et les bagages, et les refoulent jusqu'aux portes de Zurich. Au meme
instant, Klein, Mortier, y entrent de leur cote. On se bat dans les
rues. L'illustre et malheureux Lavater est frappe sur la porte de sa
maison, d'une balle par un soldat suisse ivre qui lui mit son fusil sur
la poitrine pour avoir de l'argent; il tomba atteint d'une blessure
grave a la cuisse dont il mourut quelques mois apres. Enfin, tout ce qui
etait reste dans Zurich est oblige de mettre bas les armes. Cent pieces
de canon, tous les bagages, les administrations, le tresor de l'armee
et cinq mille prisonniers, deviennent la proie des Francais. Korsakoff
avait eu en outre huit mille hommes hors de combat, dans cette
lutte acharnee. Huit et cinq faisaient treize mille hommes perdus,
c'est-a-dire la moitie de son armee. Les grandes batailles d'Italie
n'avaient pas presente des resultats plus extraordinaires. Les
consequences pour le reste de la campagne ne devaient pas etre moins
grandes que les resultats materiels. Korsakoff, avec treize mille hommes
au plus, se hata de regagner le Rhin.
Pendant ce temps, Soult, charge de passer la Lint au-dessus du lac de
Zurich, executait sa mission avec non moins de bonheur que le general
en chef. Il avait execute le passage entre Bilten et Richenburg. Cent
cinquante braves, portant leur fusil sur leur tete, avaient traverse
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