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Montalte se precipite a sa suite, le coeur debordant dune joie
delirante, l'esprit souleve par un espoir aussi puissant qu'irraisonne.
Et, soudain, il reste cloue sur place... Ses yeux hagards se fixent avec
douleur, avec rage... avec haine sur un tout petit etre, la, dans les
bras de la suivante.
La vue de cet enfant a suffi, seule, a dechainer dans l'esprit de cet
homme robuste un monde de pensees tumultueuses dont le souffle empeste
emporte et detruit tout sentiment humain, ne laisse rien... rien
qu'une pensee de haine mortelle... car, ce tout petit c'est le fils de
Pardaillan!
Pas un detail de cette scene rapide, d'une eloquence terrible dans son
mutisme meme, n'a echappe a l'oeil observateur du grand inquisiteur.
Cependant, d'une voix calme, presque douce, il dit en montrant la porte
ouverte a Myrthis.
--Vous etes libre, femme. Accomplissez la mission maternelle qui vous a
ete confiee...
Puis, imperieusement, aux deux gardes toujours immobiles au fond du
couloir:
--Laissez passer la clemence de Sixte!
Et Myrthis, serrant sur son sein le fils de Pardaillan, sans un mot,
sans un geste, franchit le seuil de la porte.
Quand l'enfant a disparu, le cardinal Montalte se tourne vers Fausta
dont la tete, deja pale, aureolee de la splendeur de ses longs cheveux,
se detache sur la blancheur de l'oreiller, saisit la main de Fausta qui
pend hors du lit, imprime un long baiser sur cette main deja froide et
sanglote:
--Fausta! Fausta! Est-il vrai que tu sois morte?...
Et, soudain, le voila debout, l'oeil injecte, la dague au poing et,
cette fois, il hurle:
--Malheur a ceux qui me l'ont tuee!...
Mais, alors, il se trouve face a face avec l'inquisiteur, et, comme un
eclair, la notion de la realite lui revient. Alors, c'est a Espinosa
qu'il s'adresse:
--Monseigneur! monseigneur! pourquoi m'avez-vous conduit ici?
Pourquoi?... Je devine... je sens... je vois que vous etes ici pour y
faire un miracle... De grace, parlez, monseigneur!... dit-il suppliant.
Alors Espinosa, de sa voix toujours calme, prononce:
--Monsieur, le poison que la princesse Fausta a pris sous vos yeux lui a
ete vendu par Magni, [1] le marchand d'herbes que vous connaissez...
Ce Magni est un homme a moi... Il existe un contrepoison unique... Ce
contrepoison, je l'ai sur moi... Le voici! En disant ces mots. Espinosa
fouille dans sa bourse et en sort un minuscule flacon.
[Note 1: Herboriste connu a Rome, vehementement sou
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