ent et vit, avec une
joie qu'il ne chercha pas a dissimuler, une belle montre en or avec sa
chaine.
Il poussa un cri joyeux et partit comme une fleche pour faire partager
son bonheur a son pere et a sa mere.
"Papa, maman, voyez ce que j'ai, ce que m'a donne Mme la comtesse."
Anfry et sa femme manquerent de repeter le cri de Blaise a la vue de
la montre et de la chaine. Ni l'un ni l'autre n'osaient les toucher,
de peur de les ternir ou de les casser. Ce ne fut qu'au bout de
quelques minutes qu'ils penserent a aller remercier la comtesse de son
beau cadeau.
"Et moi donc, qui ne lui ai seulement pas dit merci s'ecria Blaise,
tant j'etais content. Vite que j'y coure.
--Tu n'auras pas loin a aller, mon garcon, dit le comte, qui l'avait
rejoint avec la comtesse sans qu'il s'en fut apercu; fais ton
remerciement, ajouta-t-il en le poussant dans les bras de la comtesse,
qui le recut en souriant et l'embrassa bien affectueusement.
--Oh! monsieur le comte, madame la comtesse,... vous etes trop
bons,... trop bons, en verite... Je ne sais comment exprimer mon
bonheur et ma reconnaissance."
Et Blaise, l'heureux Blaise, se jeta dans les bras que lui tendait le
comte. Il se sentait si emu de tant de bontes, qu'il eut de la peine a
contenir l'elan de sa reconnaissance."
"Mon Dieu! mon Dieu! disait-il, je suis trop heureux!... Vous etes
trop bons,... tous,... tous... Je ne merite pas... Que le bon Dieu
vous le rende!... Oh oui! Je prierai tant, tant pour vous, que le bon
Dieu m'exaucera. Il est si bon!"
Le comte chercha a calmer l'emotion de Blaise; quand il y fut parvenu,
il rappela aux enfants que l'heure des vepres approchait.
"Il ne faut pas qu'on voie que j'ai les yeux rouges, dit Blaise; on
croirait que j'ai du chagrin. Du chagrin un pareil jour! cela ne se
peut! Tout est bonheur pour moi. Mon coeur est si plein que je crois
par moments qu'il va se briser. Amour de mon Dieu, amour pour ses
creatures, c'est plus que je ne puis supporter.
--Calme-toi, mon enfant! Le bon Dieu veut te payer de ce que tu as
souffert; et recompenser ta patience dans les peines qu'il t'avait
envoyees. Tu le remercieras a l'eglise, et nous joindrons nos
remerciements aux tiens."
Ils s'acheminerent tous vers le village, qui avait conserve son air de
fete; les cloches sonnaient a grande volee; de tous cotes on voyait
des groupes silencieux et recueillis se diriger vers l'eglise. Chacun
saluait le comte et la comtesse a leur passag
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