iserablement.
LA COMTESSE, _avec gaiete_
Mais les voila bien eveilles, maintenant, mon ami; ne laissons pas
revenir le sommeil.
LE COMTE
Je reponds du mien, avec l'aide de Dieu. Il sera a l'avenir tout au
bon Dieu, a toi, Julie, et a nos enfants."
En approchant de la maison d'Anfry, les enfants virent avec surprise
un va-et-vient des domestiques du chateau. Blaise en fut touche.
"C'est bien bon a eux, dit-il, de penser a feliciter mes parents pour
ma premiere communion; je ne les croyais pas si attentifs."
Arrives au seuil de la porte, ils virent avec surprise une table
dressee dans la salle. Le couvert etait tres simple; c'etait la
vaisselle d'Anfry qui couvrait la table; une nappe grossiere, des
assiettes en faience, des verres communs, des pots au lieu de carafes,
des couverts en fer etame, des salieres en faience bleue, des chaises
de paille, quelques bouteilles de vieux vin faisaient tache dans cette
demi-pauvrete. Il y avait sept couverts, et les domestiques couvraient
la table des plats qu'ils apportaient du chateau.
BLAISE
Qu'est-ce donc que cela? Pourquoi y a-t-il sept couverts, et pourquoi
sont-ce les domestiques de M. le comte qui apportent tous ces plats?
LE COMTE, _souriant_
Parce que nous nous sommes invites a diner chez tes parents, mon cher
enfant; nous avons pense, ta mere et moi, qu'un jour de premiere
communion on doit avoir la force de supporter des contrarietes, et
nous vous imposons celle de diner avec nous, chez toi, Blaise.
--Quel bonheur! quel bonheur! s'ecrierent les trois enfants en perdant
toute leur gravite et en sautant autour de la table.
--Oh! monsieur le comte, dit Blaise, pour le coup je m'oublie, et je
vous embrasse de toutes mes forces."
Et, se jetant au cou du comte, Blaise l'embrassa plusieurs fois. Le
comte etait heureux du succes de son invention.
"Mettons-nous a table, dit-il; j'ai une faim de sauvage.
--Et moi donc!" s'ecrierent tout d'une voix les trois enfants.
Anfry et sa femme se tenaient a l'ecart, n'osant pas approcher de la
table; la comtesse alla vers Anfry et, lui prenant le bras, lui dit en
riant:
"Anfry, je suis chez vous; c'est a vous a me donner le bras pour me
mener a ma place, a votre droite."
Anfry balbutia quelques mots d'excuses, de respect, mais la comtesse
l'entraina a la place d'honneur et se mit a sa droite.
Le comte riant de la bonne pensee de sa femme, fit comme elle et
enleva Mme Anfry, qui s'etait collee con
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