. Merci.
--Quoi, dans l'enfer!... Vous, Madame?
--Puisqu'il y est, fut sa reponse rayonnante.
Et tout de suite elle ajouta:
--Il n'y faut, vous le savez, qu'un peche mortel!
Et elle me montra un petit gueridon a trois pieds, sur lequel
s'etalaient des photographies de mon camarade de jeunesse, l'homme aime
pour lequel elle avait ete faite par Dieu lui-meme et qui l'attendait.
--Il ne souffre plus. Il ne pleure plus, il ne sent plus les flammes,
m'expliquait-elle; il est la, au pied de mon lit, pret a m'emporter,
tremblant de joie.... Je le vois.
Ma responsabilite m'apparut terrible, je l'avoue, et je voulus la
degager, car elle augmentait mon compte, deja si lourd, d'incredule
adonne aux philosophies du doute experimental. Elle comprit mon trouble
profond, et elle reprit:
--Rassurez-vous. C'est une autre communication qui m'a decidee, car,
hier, apres votre depart, j'hesitais encore. La chretienne convaincue
qui est en moi, et qui y reste encore obstinement, n'etait pas eclairee
par la lumiere de l'au-dela. J'ai evoque la puissance astrale qui guide
ma religion meme et qui l'assure des verites du dogme revele. Elles
m'ont appris que si mon doux amant, si bon, si noble, si fidele, endure,
a cause de notre amour, les supplices de la gehenne dantesque, par
contre, mon odieux et detestable mari a ete recueilli dans les zones
paradisiaques et place parmi les anges pour son martyre conjugal et ses
deboires. Sachant ceci a n'en point douter, ma resolution a ete prise,
et j'ai congedie le pretre, vraiment trop dur, qui menacait, par une
absolution intempestive, de me remettre en presence de mon bourreau et
de son assassin, l'intolerable Arpajou....
Sur ce nom, elle expira et je n'eus que le temps de recevoir dans mes
bras sa belle tete aux tempes blanchies.
Un mois apres, j'appris par une table tournoyante que ma vieille amie
avait eu raison de croire en la bonte de Dieu et a sa justice. Elle me
revela qu'elle nageait en paradis avec mon camarade de college, et que
c'etait Arpajou qui grillait en enfer,--et j'abandonnai mes recherches
de psychomancie.
L'ETRANGLE HILARE
L'histoire n'est pas seulement veridique, elle est vraisemblable; mais
je ne me dissimule pas que, pour la bien narrer, il y faudrait un de ces
ironistes d'elite, heritier de Jonathan Swift, de Mark Twain et de notre
Villiers de l'Isle-Adam. Qu'on m'excuse de m'essayer a leur maniere. Ce
conte justifie l'audace.
Lorsqu'a l'ar
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