gans royalistes, soupirait apres la
paix; et la colere de la cour de Naples etait aussi impuissante que
ridicule. Pitt, malgre les triomphes inouis de la republique francaise,
malgre une campagne sans exemple dans les annales de la guerre, n'etait
point ebranle; et sa ferme intelligence avait compris que tant de
victoires, funestes au continent, n'etaient nullement dommageables pour
l'Angleterre. Le stathouder, les princes d'Allemagne, l'Autriche, le
Piemont, l'Espagne, avaient perdu a cette guerre une partie de leurs
etats; mais l'Angleterre avait acquis sur les mers une superiorite
incontestable; elle dominait la Mediterranee et l'Ocean; elle avait
saisi une moitie des flottes hollandaises; elle forcait la marine de
l'Espagne a s'epuiser contre celle de la France; elle travaillait a
s'emparer de nos colonies, elle allait occuper toutes celles des
Hollandais, et assurer a jamais son empire dans l'Inde. Il lui fallait
pour cela encore quelque temps de guerre et d'aberrations politiques
chez les puissances du continent. Il lui importait donc d'exciter les
hostilites en donnant des secours a l'Autriche, en reveillant le zele de
l'Espagne, en preparant de nouveaux desordres dans les provinces
meridionales de la France. Tant pis pour les puissances belligerantes,
si elles etaient battues dans une nouvelle campagne: l'Angleterre
n'avait rien a craindre; elle continuait ses progres sur les mers, dans
l'Inde et l'Amerique. Si, au contraire, les puissances etaient
victorieuses, elle y gagnait de replacer dans les mains de l'Autriche
les Pays-Bas qu'elle craignait surtout de voir dans les mains de la
France. Tels etaient les calculs meurtriers, mais profonds, du ministre
anglais.
Malgre les pertes que l'Angleterre avait essuyees, soit par les prises,
soit par les defaites du duc d'York, soit par les depenses enormes
qu'elle avait faites pour fournir de l'argent a la Prusse et au Piemont,
elle possedait encore des ressources plus grandes que ne le croyaient et
les Anglais et Pitt lui-meme. Il est vrai qu'elle se plaignait amerement
des prises nombreuses, de la disette et de la cherte de tous les objets
de consommation. Les navires de commerce anglais, ayant seuls continue a
circuler sur les mers, etaient naturellement plus exposes a etre pris
par les corsaires que ceux des autres nations. Les assurances, qui
etaient devenues alors un grand objet de speculation, les rendaient
temeraires, et souvent ils n'attendaient pas d'etre co
|