oie de reforme; elle est peu grave, peu morale,
a l'italienne, et comme une repetition affadie de la litterature des
Valois. Mais tout ce qui l'etouffe et lui succede sous Louis XIV se
range par degres a la foi, a la regularite: Despreaux, Racine, Bossuet.
La Fontaine lui-meme, au milieu de sa bonhomie et de ses fragilites, et
tout du XVIe siecle qu'il est, a des acces de religion lorsqu'il ecrit
la _Captivite de saint Malc_, l'Epitre a madame de La Sabliere, et qu'il
finit par la penitence. En un mot, plus on avance dans le siecle dit _de
Louis XIV_, et plus la litterature, la poesie, la chaire, le theatre,
toutes les facultes memorables de la pensee, revetent un caractere
religieux, chretien, plus elles accusent, meme dans les sentiments
generaux qu'elles expriment, ce retour de croyance a la revelation, a
l'humanite vue _dans_ et _par_ Jesus-Christ; c'est la un des traits les
plus caracteristiques et profonds de cette litterature immortelle.
Le XVIIe siecle en masse fait digue entre le XVIe et le XVIIIe qu'il
separe.
Mais Moliere, nous le disons sans en porter ici eloge ni blame moral, et
comme simple preuve de la liberte de son genie, Moliere ne rentre pas
dans ce point de vue. Bien que sa figure et son oeuvre apparaissent et
ressortent plus qu'aucune dans ce cadre admirable du siecle de Louis
le Grand, il s'etend et se prolonge au dehors, en arriere, au dela; il
appartient a une pensee plus calme, plus vaste, plus indifferente, plus
universelle. L'eleve de Gassendi, l'ami de Bernier, de Chapelle et de
Hesnault se rattache assez directement au XVIe siecle philosophique,
litteraire; il n'avait aucune antipathie contre ce siecle et ce qui en
restait; il n'entrait dans aucune reaction religieuse ou litteraire,
ainsi que firent Pascal et Bossuet, Racine et Boileau a leur maniere, et
les trois quarts du siecle de Louis XIV; il est, lui, de la posterite
continue de Rabelais, de Montaigne, Larivey, Regnier, des auteurs de la
_Satyre Menippee_; il n'a ou n'aurait nul effort a faire pour s'entendre
avec Lamothe-le-Vayer, Naude ou Guy Patin meme, tout docteur en medecine
qu'est ce mordant personnage. Moliere est naturellement du monde de
Ninon, de madame de La Sabliere avant sa conversion; il recoit a Auteuil
Des Barreaux et nombre de jeunes seigneurs un peu libertins. Je ne veux
pas dire du tout que Moliere, dans son oeuvre ou dans sa pensee, fut
un esprit fort decide, qu'il eut un systeme la-dessus, que, malgre sa
traducti
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