tentive cette fois a tous les accidents du sol, et s'attachant
a suivre toujours les pentes ascendantes, sans se laisser detourner par
les galeries en apparence plus spacieuses et plus directes qui s'offraient
a chaque instant. De cette maniere elle etait sure de ne plus rencontrer
de courants d'eau, et de pouvoir revenir sur ses pas.
Elle marchait au milieu de mille obstacles: des pierres enormes
encombraient sa route, et dechiraient ses pieds; des chauves-souris
gigantesques, arrachees de leur morne sommeil par la clarte de la
lanterne, venaient par bataillons s'y frapper, et tourbillonner comme des
esprits de tenebres autour de la voyageuse. Apres les premieres emotions
de la surprise, a chaque nouvelle terreur, elle sentait grandir son
courage. Quelquefois elle gravissait d'enormes blocs de pierre detaches
d'immenses voutes crevassees, qui montraient d'autres blocs menacants,
retenus a peine dans leurs fissures elargies a vingt pieds au-dessus de
sa tete; d'autres fois la voute se resserrait et s'abaissait au point que
Consuelo etait forcee de ramper dans un air rare et brulant pour s'y
frayer un passage. Elle marchait ainsi depuis une demi-heure, lorsqu'au
detour d'un angle resserre, ou son corps svelte et souple eut de la peine
a passer, elle retomba de Charybde en Scylla, en se trouvant face a face
avec Zdenko: Zdenko d'abord petrifie de surprise et glace de terreur,
bientot indigne, furieux et menacant comme elle l'avait deja vu.
Dans ce labyrinthe, parmi ces obstacles sans nombre, a la clarte
vacillante d'un flambeau que le manque d'air etouffait a chaque instant,
la fuite etait impossible. Consuelo songea a se defendre corps a corps
contre une tentative de meurtre. Les yeux egares, la bouche ecumante
de Zdenko, annoncaient assez qu'il ne s'arreterait pas cette fois a la
menace. Il prit tout a coup une resolution etrangement feroce: il se mit
a ramasser de grosses pierres, et a les placer l'une sur l'autre, entre
lui et Consuelo, pour murer l'etroite galerie ou elle se trouvait. De
cette maniere, il etait sur qu'en ne vidant plus la citerne durant
plusieurs jours, il la ferait perir de faim, comme l'abeille qui enferme
le frelon indiscret dans sa cellule, en apposant une cloison de cire a
l'entree.
Mais c'etait avec du granit que Zdenko batissait, et il s'en acquittait
avec une rapidite prodigieuse. La force athletique que cet homme si
maigre, et en apparence si debile, trahissait en ramassant et en
arrang
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