e!... C'est possible, je
n'avais jamais vise si haut, moi!... car elle est comtesse, vous savez?
Son mari ne prend pas de titre, mais il est de grande maison...
--Mon cher, repris-je avec une ironie qu'il ne comprit pas, tout madre
qu'il etait, je ne vois qu'un moyen: c'est qu'un ami genereux l'eclaire
sur la valeur de l'objet qu'on lui a fait si adroitement accepter.
Voulez-vous que je m'en charge?
--Oui! mais pas aujourd'hui au moins! Vous attendrez que je sois parti.
--Bah! vous voila bien craintif! N'etes-vous pas persuade qu'une femme
est toujours flattee d'un riche cadeau?
--Non! cela depend; elle peut aimer le cadeau et detester la personne
qui l'offre. Dans ce cas-la, il faut beaucoup de patience et beaucoup de
cadeaux, toujours glisses dans ses mains sans qu'elle songe a les
repousser, et ne temoignant jamais d'aucune esperance. Vous voyez que
j'ai ma tactique!
--Elle est magnifique, et tres-flatteuse pour les femmes que vous
honorez de vos poursuites!
--Mais... je la crois fort delicate, reprit-il avec conviction, et, si
vous la critiquez, c'est qu'il vous serait impossible de la suivre!
Je ne lui passai pas ce mouvement d'impertinence et je rentrai au petit
salon, bien decide a l'en punir. Je me sentis des lors un aplomb
extraordinaire, et, m'approchant d'Alida:
--Savez-vous, madame, lui dis-je, de quoi je m'entretenais avec M.
Moserwald au clair de la lune?
--Du clair de lune, peut-etre?
--Non, nous parlions bijouterie. Monsieur pretend que toutes les femmes
se connaissent en pierres precieuses parce qu'elles les aiment
passionnement, et j'ai promis de m'en rapporter a votre arbitrage.
--Il y a la deux questions, repondit madame de Valvedre. Je ne peux pas
resoudre la premiere; car, pour mon compte, je n'y entends rien; mais,
pour la seconde, je suis forcee de donner raison a M. Moserwald. Je
crois que toutes les femmes aiment les bijoux.
--Excepte moi pourtant, dit Paule avec gaiete; je ne m'en soucie pas le
moins du monde.
--Oh! vous, ma chere, reprit Alida du meme ton, vous etes une femme
superieure! Il n'est question ici que des simples mortelles.
--Moi, dis-je a mon tour avec une amertume extreme, je croyais qu'en
fait de femmes il n'y avait que les courtisanes qui eussent la passion
des diamans.
Alida me regarda d'un air tres-etonne.
--Voila une singuliere idee! reprit-elle. Chez les creatures dont vous
parlez, cette passion-la n'existe pas du tout. Les diamants ne
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