FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   91   92   93   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115  
116   117   118   119   120   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131   132   133   134   135   136   137   138   139   140   >>   >|  
mains sur ma bouche. --Tais-toi, dit-elle, ne trouble pas mon bonheur par des plaintes et n'offense pas l'auguste paix de cette nuit sublime par des murmures contre le sort. Si j'etais sure de la misericorde divine pour ma faute, je ne serais pas sure pour cela de la duree de ton amour apres ma chute. --Ainsi tu ne crois ni a Dieu ni a moi! m'ecriai-je. --Si cela est, plains-moi, car le doute est une grande douleur que je traine depuis que je suis au monde, et tache de me guerir, mais en menageant ma frayeur et en me donnant confiance: confiance en Dieu d'abord! Dis-moi, y crois-tu fermement, au Dieu qui nous voit, nous entend et qui nous aime? Reponds, reponds! As-tu la foi, la certitude? --Pas plus que toi, helas! Je n'ai que l'esperance. Je n'ai pas ete longtemps berce des douces chimeres de l'enfance. J'ai bu a la source froide du doute, qui coule sur toutes choses en ce triste siecle; mais je crois a l'amour, parce que je le sens. --Et moi aussi, je crois a l'amour que j'eprouve; mais je vois bien que nous sommes aussi malheureux l'un que l'autre, puisque nous ne croyons qu'a nous-memes. Cette triste appreciation qui lui echappait me jeta dans une melancolie noire. Etait-ce pour nous juger ainsi l'un l'autre, pour mesurer en poetes sceptiques la profondeur de notre neant, que nous etions venus savourer l'union de nos ames a la face des cieux etoiles? Elle me reprocha mon silence et ma sombre attitude. --C'est ta faute, lui repondis-je avec amertume. L'amour, dont tu veux faire un raisonnement, est de sa nature une ivresse et un transport. Si, au lieu de regarder dans l'inconnu en supputant les chances de l'avenir, qui ne nous appartient pas, tu etais noyee dans les voluptes de ma passion, tu ne te souviendrais pas d'avoir souffert, et tu croirais a deux pour la premiere fois de ta vie. --Allons-nous-en, dit-elle, tu me fais peur! Ces voluptes, ces ivresses dont tu parles, ce n'est pas l'amour, c'est la fievre, c'est l'etourdissement et l'oubli de tout, c'est quelque chose de brutal et d'insense qui n'a ni veille ni lendemain. Reprends les rames, je veux m'en aller! Il me vint une sorte de rage. Je saisis les rames et je l'emmenai plus au large. Elle eut peur et menaca de se jeter dans le lac, si je continuais ce silencieux et farouche voyage, qui ressemblait a un enlevement. Je la ramenai vers la rive sans rien dire. J'etais en proie a un violent orage interieur. Elle se laissa tomber sur le sabl
PREV.   NEXT  
|<   91   92   93   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115  
116   117   118   119   120   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131   132   133   134   135   136   137   138   139   140   >>   >|  



Top keywords:

triste

 

voluptes

 

confiance

 

passion

 

attitude

 

reprocha

 

premiere

 
silence
 

croirais

 

souviendrais


sombre

 

souffert

 

amertume

 

ivresse

 

transport

 

raisonnement

 
nature
 

etoiles

 

regarder

 

avenir


repondis

 

chances

 

inconnu

 

supputant

 

appartient

 

Reprends

 
farouche
 

silencieux

 

voyage

 

ressemblait


enlevement

 

continuais

 

menaca

 

ramenai

 

interieur

 

laissa

 

tomber

 

violent

 
emmenai
 

etourdissement


fievre
 
quelque
 

parles

 
ivresses
 

Allons

 
brutal
 

saisis

 

insense

 

veille

 

lendemain