lieutenant, venait de bloquer si etroitement,
pour lui faire faire sa volonte, qu'aucun membre, pendant tout le
blocus, n'avait pu en sortir, et qu'un seul, Pierre Wentwort,
avait pu y entrer.
Lambert et Monck, tout se resumait dans ces deux hommes, le
premier representant le despotisme militaire, le second
representant le republicanisme pur. Ces deux hommes, c'etaient les
deux seuls representants politiques de cette revolution dans
laquelle Charles Ier avait d'abord perdu sa couronne et ensuite sa
tete. Lambert, au reste, ne dissimulait pas ses vues; il cherchait
a etablir un gouvernement tout militaire et a se faire le chef de
ce gouvernement.
Monck, republicain rigide, disaient les uns, voulait maintenir le
Rump Parliament, cette representation visible, quoique degeneree,
de la republique. Monck, adroit ambitieux, disaient les autres,
voulait tout simplement se faire de ce Parlement, qu'il semblait
proteger, un degre solide pour monter jusqu'au trone que Cromwell
avait fait vide, mais sur lequel il n'avait pas ose s'asseoir.
Ainsi, Lambert en persecutant le Parlement, Monck en se declarant
pour lui, s'etaient mutuellement declares ennemis l'un de l'autre.
Aussi Monck et Lambert avaient-ils songe tout d'abord a se faire
chacun une armee: Monck en Ecosse, ou etaient les presbyteriens et
les royalistes, c'est-a-dire les mecontents; Lambert a Londres, ou
se trouvait comme toujours la plus forte opposition contre le
pouvoir qu'elle avait sous les yeux.
Monck avait pacifie l'Ecosse, il s'y etait forme une armee et s'en
etait fait un asile: l'une gardait l'autre; Monck savait que le
jour n'etait pas encore venu, jour marque par le Seigneur, pour un
grand changement; aussi son epee paraissait-elle collee au
fourreau. Inexpugnable dans sa farouche et montagneuse Ecosse,
general absolu, roi d'une armee de onze mille vieux soldats, qu'il
avait plus d'une fois conduits a la victoire; aussi bien et mieux
instruit des affaires de Londres que Lambert, qui tenait garnison
dans la Cite, voila quelle etait la position de Monck lorsque a
cent lieues de Londres il se declara pour le Parlement. Lambert,
au contraire, comme nous l'avons dit, habitait la capitale. Il y
avait le centre de toutes ses operations, et il y reunissait
autour de lui et tous ses amis et tout le bas peuple,
eternellement enclin a cherir les ennemis du pouvoir constitue. Ce
fut donc a Londres que Lambert apprit l'appui que des frontieres
d'Ecosse Monck pr
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