chauves-souris gigantesques
se mirent a tracer autour des deux importuns leurs vastes cercles
silencieux, tandis qu'a la lumiere projetee sur les hautes parois
de pierre on voyait trembloter leur ombre. Ce spectacle etait
rassurant pour des raisonneurs. Monck conclut qu'il n'y avait
aucun homme dans le couvent, puisque les farouches betes y etaient
encore et s'envolaient a son approche. Apres avoir franchi les
decombres et arrache plus d'un lierre qui s'etait pose comme
gardien de la solitude, Athos arriva aux caveaux situes sous la
grande salle, mais dont l'entree donnait dans la chapelle. La il
s'arreta.
-- Nous y voila, general, dit-il.
-- Voici donc la dalle?
-- Oui.
-- En effet, je reconnais l'anneau; mais l'anneau est scelle a
plat.
-- Il nous faudrait un levier.
-- C'est chose facile a se procurer.
En regardant autour d'eux, Athos et Monck apercurent un petit
frene de trois pouces de diametre qui avait pousse dans un angle
du mur, montant jusqu'a une fenetre que ses branches avaient
aveuglee.
-- As-tu un couteau? dit Monck au pecheur.
-- Oui, monsieur.
-- Coupe cet arbre, alors.
Le pecheur obeit, mais non sans que son coutelas en fut ebreche.
Lorsque le frene fut arrache, faconne en forme de levier, les
trois hommes penetrerent dans le souterrain.
-- Arrete-toi la, dit Monck au pecheur en lui designant un coin du
caveau; nous avons de la poudre a deterrer, et ton falot serait
dangereux.
L'homme se recula avec une sorte de terreur et garda fidelement le
poste qu'on lui avait assigne, tandis que Monck et Athos
tournaient derriere une colonne au pied de laquelle, par un
soupirail, penetrait un rayon de lune reflete precisement par la
pierre que le comte de La Fere venait chercher de si loin.
-- Nous y voici, dit Athos en montrant au general l'inscription
latine.
-- Oui, dit Monck.
Puis, comme il voulait encore laisser au Francais un moyen evasif:
-- Ne remarquez-vous pas, continua-t-il, que l'on a deja penetre
dans ce caveau, et que plusieurs statues ont ete brisees?
-- Milord, vous avez sans doute entendu dire que le respect
religieux de vos Ecossais aime a donner en garde aux statues des
morts les objets precieux qu'ils ont pu posseder pendant leur vie.
Ainsi les soldats ont du penser que sous le piedestal des statues
qui ornaient la plupart de ces tombes un tresor etait enfoui; ils
ont donc brise piedestal et statue. Mais la tombe du venerable
chanoine a qui nous av
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