oyaient avoir fait dans son esprit.
-- Ainsi, milord, dit Athos, c'est huit jours que vous me fixez
pour delai?
-- Huit jours, oui, monsieur.
-- Et pendant ces huit jours, que ferai-je?
-- S'il y a bataille, tenez-vous loin, je vous prie. Je sais les
Francais curieux de ces sortes de divertissements; vous voudriez
voir comment nous nous battons, et vous pourriez recueillir
quelque balle egaree; nos Ecossais tirent fort mal, et je ne veux
pas qu'un digne gentilhomme tel que vous regagne, blesse, la terre
de France. Je ne veux pas enfin etre oblige de renvoyer moi-meme a
votre prince son million laisse par vous; car alors on dirait, et
cela avec quelque raison, que je paie le pretendant pour qu'il
guerroie contre le Parlement. Allez donc, monsieur, et qu'il soit
fait entre nous comme il est convenu.
-- Ah! milord, dit Athos, quelle joie ce serait pour moi d'avoir
penetre le premier dans le noble coeur qui bat sous ce manteau.
-- Vous croyez donc decidement que j'ai des secrets, dit Monck
sans changer l'expression demi-enjouee de son visage Eh! monsieur,
quel secret voulez-vous donc qu'il y ait dans la tete creuse d'un
soldat? Mais il se fait tard, et voici notre falot qui s'eteint,
rappelons notre homme Hola! cria Monck en francais; et
s'approchant de l'escalier: Hola! pecheur!
Le pecheur, engourdi par la fraicheur de la nuit, repondit d'une
voix enrouee en demandant quelle chose on lui voulait.
-- Va jusqu'au poste, dit Monck, et ordonne au sergent, de la part
du general Monck, de venir ici sur-le-champ.
C'etait une commission facile a remplir, car le sergent, intrigue
de la presence du general en cette abbaye deserte, s'etait
approche peu a peu, et n'etait qu'a quelques pas du pecheur.
L'ordre du general parvint donc directement jusqu'a lui, et il
accourut.
-- Prends un cheval et deux hommes, dit Monck.
-- Un cheval et deux hommes? repeta le sergent.
-- Oui, reprit Monck. As-tu un moyen de te procurer un cheval avec
un bat ou des paniers?
-- Sans doute, a cent pas d'ici, au camp des Ecossais.
-- Bien.
-- Que ferai-je du cheval, general?
-- Regarde.
Le sergent descendit les trois ou quatre marches qui le separaient
de Monck et apparut sous la voute.
-- Tu vois, lui dit Monck, la-bas ou est ce gentilhomme?
-- Oui, mon general.
-- Tu vois ces deux barils?
-- Parfaitement.
-- Ce sont deux barils contenant, l'un de la poudre, l'autre des
balles; je voudrais faire transp
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