iscours du
Corbeau et du Renard, de l'Ane et du petit Chien, du Coq et de la Poule.
Elle n'est pas surprise quand on lui dit que les animaux parlaient
autrefois. Elle serait plutot surprise si on lui disait qu'ils ne
parlent plus. Elle est bien sure d'entendre le langage de son gros chien
Tom et de son petit serin Cuip. Elle a raison: les animaux ont toujours
parle et ils parlent encore; mais ils ne parlent qu'a leurs amis. Rose
Benoist les aime et ils l'aiment. C'est pour cela qu'elle les comprend.
Pour s'entendre, il n'est tel que de s'aimer.
Aujourd'hui, Rose Benoist a recite sa lecon sans faute. Elle a un bon
point. Emmeline Capel a recu aussi un bon point pour avoir bien su sa
lecon d'arithmetique.
Au sortir de la classe, elle a dit a sa maman qu'elle avait un bon
point. Et elle a ajoute:
"Un bon point, a quoi ca sert, dis, maman?
--Un bon point ne sert a rien, a repondu la maman d'Emmeline. C'est
justement pour cela qu'on doit etre fier de le recevoir. Tu sauras un
jour, mon enfant, que les recompenses les plus estimees sont celles qui
donnent de l'honneur sans profit."
MARIE
Les petites filles ont un desir naturel de cueillir des fleurs et des
etoiles. Mais les etoiles ne se laissent point cueillir et elles
enseignent aux petites filles qu'il y a en ce monde des desirs qui ne
sont jamais contentes. Mlle Marie s'en est allee dans le parc avec sa
nourrice; elle a rencontre une corbeille d'hortensias et elle a connu
que les fleurs d'hortensia etaient belles; c'est pourquoi elle en a
cueilli une. C'etait tres difficile. Elle a tire la plante a deux mains
et elle a couru grand risque de tomber sur son derriere quand la tige
s'est rompue. Aussi est-elle tres fiere de ce qu'elle a fait. Elle est
tres contente aussi, car la fleur est admirable a voir: c'est une boule
d'un rose tendre trempee de bleu et c'est une fleur composee de beaucoup
de petites fleurs. Mais la nourrice l'a vue: elle s'elance. Elle saisit
Mlle Marie par le bras; elle gronde, elle s'ecrie, elle est terrible.
Mlle Marie regarde etonnee, de son regard encore flottant, et songe dans
sa petite ame confuse. Vous ne sauriez imaginer combien c'est difficile,
a sept ans, d'interroger sa conscience. Elle reste candide entre la
faute commise et le chatiment prepare. La nourrice la met en penitence,
non dans le cabinet noir, mais sous un grand marronnier, a l'ombre d'un
vaste parasol chinois. La, Mlle Marie pensive, surprise, etonnee, est
assise
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