lles font paroistre
quand elles sont agitees dans la chaleur du transport et de la fureur:
telle qui est infirme tant par la delicatesse de sa complexion et de son
sexe que par maladie quand le demon l'a saisie et que l'autorite de
l'eglise l'a forcee de paroistre devient si furieuse dans de certains
momens que quatre ou cinq hommes avec toute leur force, sont empesches a
l'arrester; leurs visages mesmes se monstrent si diformes et si differents
de leur naturel qu'on ne les reconoist plus et ce qui est de plus estonnant
est qu'apres des transports et des violences de ceste nature quelquefois
pendant trois ou quatre heures apres des efforts dont les corps les plus
robustes seroient lasses a demeurer au lit plusieurs jours, apres des
hurlements continuels et des cris capables de rompre un estomach, estans
retournes en leur naturel, ce qui se fait en un instant, on les void sans
lassitude et sans emotion, l'esprit aussy tranquille, le visage aussy
compose, l'haleine aussy lente, le poulx aussy peu altere que si elles
n'avoient pas bouge d'un siege."
"Mais on peut dire que parmy toutes les marques de possession qui ont paru
dans ces filles, une des plus surprenantes et des plus communes aussy parmy
elles, est l'intelligence de la pensee et des commandemens interieurs qui
leur sont faits tous les jours par les exorcistes et les prestres, sans que
ceste pensee soit manifestee au dehors ou par le discours ou par aucun
signe exterieur. Il suffit qu'elle leur soit adressee interieurement ou
mentalement pour leur estre congneue et cela s'est verifie par tant
d'experiences pendant le sejour de mons l'evesque de Chalons, par tous les
ecclesiastiques qui ont voulu l'esprouver que l'on ne peut douter
raisonnablement de toutes ces particularites et de plusieurs autres, qu'il
est impossible de specifier icy par le detail."
Plusieurs archeveques ou eveques et docteurs en Sorbonne emirent, a propos
de l'affaire d'Auxonne, l'avis suivant:
"Que de toutes ces filles qui sont de differentes conditions il y en a de
seculieres, de novices, de postulantes, de professes; il y en a de jeunes;
il y en a qui sont agees; quelques unes sont de la ville, les autres n'en
sont pas, quelques sont de bonne condition, d'autres de basse naissance;
quelques unes riches, d'autres pauvres et de moindre condition; qu'il y a
dix ans ou plus que cette affliction est commencee dans ce monastere; qu'il
est malaise que depuis un si long temps un dessein de fourb
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