La etaient Auberon et Mallabron "ung luyton de mer" dit le roman d'Ogier;
et M. Maury pense que c'est dans cette ile mysterieuse que fut conduit
Lanval par la fee sa maitresse.
Giraud de Cambrie place a Glastonbury, dans le Somersetshire, la situation
de cette ile enchantee, de cette espece de paradis des fees. "Cette ile
delicieuse d'Avalon, dit le roman d'Ogier le Danois, dont les habitants
menoient vie tres joyeuse, sans penser a nulle quelconque meschante chose,
fors prendre leurs mondains plaisirs."
Le nom d'Avalon vient d'_Inis Afalon_, ile des pommes, en langue bretonne,
et l'on a explique cette qualification par l'abondance des pommiers qui se
rencontraient a Glastonbury. Suivant M. de Freminville[1], Avalon serait la
petite ile d'Agalon, situee non loin du celebre chateau de Kerduel, et dont
les chroniqueurs font le sejour favori du roi Artur.
[Note 1: _Antiquites de la Bretagne, Cotes-du-Nord_, p. 19.]
D'apres l'_Edda_, "les fees qui sont d'une bonne origine sont bonnes et
dispensent de bonnes destinees; mais les hommes a qui il arrive du malheur
doivent l'attribuer aux mechantes fees."
On lit dans le roman de Lancelot du Lac: "Toutes les femmes sont appelees
fees qui savent des enchantements et des charmes et qui connaissent le
pouvoir de certaines paroles, la vertu des pierres et des herbes; ce sont
les fees qui donnent la richesse, la beaute et la jeunesse."
"Mon enfant, dit un auteur anonyme du XIVe siecle, rapporte par M. Leroux
de Lincy[1], les fees ce estoient diables qui disoient que les gens
estoient destinez et faes les uns a bien, les autres a mal, selon le cours
du ciel ou de la nature. Comme se un enfant naissoit a tele heure ou en tel
cours, il li estoit destine qu'il seroit pendu ou qu'il seroit noie, ou
qu'il espouseroit tel dame ou teles destinees, pour ce les appeloit l'en
fes, quar fee selon le latin, vaut autant comme destinee, _fatatrices
vocabantur_."
[Note 1: _Le Livre des legendes_, introduction, p. 240.]
"Laissons les acteurs ester, dit Jean d'Arras[1], et racontons ce que nous
avons ouy dire et raconter a nos anciens, et que cestui jour nous oyons
dire qu'on a vu au pais de Poitou et ailleurs, pour coulourer nostre
histoire, a estre vraie, comme nous le tenons et qui nous est publie par
les vraies chroniques, nous avons ouy raconter a nos anciens que en
plusieurs parties sont aparues a plusieurs tres familierement, choses
lesquelles aucuns appeloient _luitons_
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