erie et de
friponnerie put conserver le secret parmi des filles en si grand nombre, de
conditions et d'interets si differents; qu'apres une recherche et une
enquete plus exacte, le dit seigneur evesque de Chalons n'a trouve
personne, soit dans le monastere, soit dans la ville, qui n'ait parle
avantageusement de l'innocence et de la regularite, tant des filles que des
ecclesiastiques qui ont travaille devant lui aux exorcismes, et qu'il
temoigne avoir reconnu de sa part en leurs deportements pour des personnes
d'exemples de merite et de probite, temoignage qu'il croit devoir a la
justice et a la verite."
"Joint a ce que dessus le certificat du sieur Morel, medecin present a
tout, qui assure que toutes ces choses passent les termes de la nature, et
ne peuvent partir que de l'ouvrage du demon; le tout bien considere nous
estimons que toutes ces accusations extraordinaires en des filles excedent
les forces de la nature humaine et ne peuvent partir que de l'operation du
demon, possedant et obsedant ces corps."
VI.--SABBAT
J. Wier[1], qui pense que le sabbat n'existe que dans l'imagination des
sorcieres, donne la composition de leur onguent.
[Note 1: _Histoires, disputes et discours des illusions et
impostures des diables_, p. 165.]
"Elles font bouillir un enfant dans un vaisseau de cuivre et en prennent la
gresse qui nage au dessus, et font espessir le dernier bouillon en maniere
d'un consume, puis elles serrent cela pour s'en aider a leur usage: elles y
meslent du persil de eau, de l'aconite, des fueilles de peuple et de la
suie; ou bien elles font en ceste maniere: elles melangent de la berle, de
l'acorum vulgaire, de la quintefueille, du sang de chauve-souris, de la
morelle endormante et de l'huile: ou bien, si elles font des autres
compositions, elles ne sont dissemblables de ceste-cy. Elles oignent avec
cet onguent toutes les parties du corps, les ayant auparavant frottees
jusques a les faire rougir; a celle fin de attirer la chaleur, et relascher
ce qui estoit estrainct par la froidure. Et a celle fin que la chair soit
relaschee et que les pertuis du cuir soient ouverts elles y meslent de la
gresse ou de l'huile, il n'y a point de doute que ce ne soit a fin que la
vertu des sucs descende dedans et qu'elle soit plus forte et puissante.
Ainsi pensent-elles etre portees de nuict a la clarte de la lune par l'air
aux banquets, aux musiques, aux dances et aux embrassements des plus beaux
jeunes homm
|