et
du propos que nous eusmes ensemble, lors que nous portions les armes en
certaine guerre, et sous les chefs qu'il lui nomma. Puis il lui dit par le
menu ce secret, leur accord, les paroles et promesses reciproques:
lesquelles le prisonnier raconta distinctement les unes apres les autres,
par leur ordre, a ce seigneur, lequel fut merveilleusement estonne de ce
message, s'esbahissant comme il s'estoit peu faire que les choses commises
a lui seul et qu'il n'avoit jamais descouvertes a personne, lui fussent
deschifrees si hardiment par un pauvre sien sujet, qui les representoit
comme s'il les eust leuees dedans un livre. On adjouste que le prisonnier
s'estant enquis de l'autre avec lequel il devisoit es enfers s'il estoit
possible et vrai que tant de gens qu'il voyoit si magnifiquement vestus,
sentissent quelques tourmens? L'autre respondit qu'ils estoyent bruslez
d'un feu continuel, pressez de tortures et supplices indicibles, et que
tout ce parement d'or et d'escarlate n'estoit que feu ardent ainsi
couloure. Que voulant sentir si ainsi estoit, il s'estoit aproche pour
toucher ceste escarlate; que l'autre l'avoit exhorte de s'en departir; mais
que l'ardeur de feu lui avoit grille tout le dedans de la main laquelle il
monstroit tout rostie, et comme cuite a la braise d'un grand feu. Le pauvre
prisonnier ayant este relasche, paroissoit a ceux qui l'aborderent s'en
retournant chez soi comme un homme tout hebete, qui n'oid ni ne void
goutte, tousjours pensif, parlant fort peu, et ne respondant presque point
aux questions qu'on lui faisoit. Son visage au reste estoit devenu si
hideux, son regard tant laid et farouche, apres ce voyage qu'a peine sa
femme et ses enfans le reconurent-ils: et le reconoissant, ne fut question
que de cris et de larmes, le contemplant ainsi change. Il ne vescut que
fort peu de jours apres ce retour, et avec beaucoup de difficulte peut-il
pourvoir a ses petites afaires, tant il estoit esperdu."
Crespet[1] decrit la marque dont Satan frappait les siens:
[Note 1: _De la hayne de Sathan_, p 244.]
"Or afin qu'on cognoisse que ce ne sont point songe il est tout evident,
que la marque de Sathan sur les sorciers est comme lepreuse, car pour toute
pointure d'alesnes et picqueures, le lieu est insensible, et c'est ou on
les eprouve vraiment estre sorciers de profession a telle marque car ils ne
sentent la pointure non plus que s'ils etaient ladres et n'en sort jamais
goutte de sang, voire jamais on ne
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