n registre d'environ deux mains de papier; Madeleine adjoute qu'elle
emporta du sabbat la vilaine chemise de laquelle le magicien s'etait servi,
et etant de retour la prist sur soy, pendant lequel temps elle se sentit
fort portee a l'impudicite jusqu'a ce qu'elle eust quittee par l'ordre d'un
sage confesseur cette abominable chemise."
"II. Madeleine Bavan a dit qu'il ne s'etait presque point passe de semaine
pendant l'espace de huit mois ou environ, que le magicien ne l'ait menee au
sabbat, ou une fois entr'autres ayant celebre une execrable messe, il la
maria avec un des principaux diables de l'enfer nomme Dagon qui parut alors
en forme d'un jeune homme, et luy donna une bague; ce maudit mariage fait,
le dit pretendu jeune homme luy mit la bague dans le doigt, puis se
separerent chacun de leur coste, avec promesse faite par ce jeune homme
qu'il ne seroit pas longtemps sans la revoir, aussy il luy apparut des le
lendemain, comme il a fait quantite de fois pendant plusieurs annees, ayant
souvent sa compagnie charnelle, qui excepte le plaisir qu'elle ressentoit
dans son esprit lui causoit plus de douleur que de volupte, comme
elle-mesme l'assure."
"Madeleine Bavan a dit[1] qu'elle a vu trois ou quatre fois des femmes
magiciennes accoucher au sabbat, apres la delivrance desquelles on mettait
leurs enfans sur l'autel qui y demeuroient pleins de vie pendant la
celebration de leur detestable messe, laquelle etant achevee, tous les
assistans (entre lesquelles etait la dite Bavan) et les meres memes
egorgeoient d'un commun consentement ces pauvres petits enfans, qu'ils
dechiroient et apres que chacun en avoit tire les principales parties,
comme le coeur et autres pour en faire charmes, malefices et sortileges;
ils mettoient le reste en terre; ausquels egorgements elle a contribue avec
Picard et a fait des malefices des dits enfants qu'elle a rapportes a
l'intention generale de celuy qui presidait au sabbat, et comme elle ne
scavoit sur qui les appliquer, elle les bailla aux premiers trouves du
sabbat."
[Note 1: _La piete affligee_, p. 395.]
"Elle confesse avoir adore le bouc du sabbat lequel paroist demy homme et
demy bouc, lesquelles adorations du bouc se font tousjours a dessein de
profaner le tres saint sacrement de l'Eucharistie."
"Elle avoue avoir plusieurs fois adore d'autres diables, referant ses
intentions a celles qu'ont les magiciens en general: celles qu'elle se
formoit en particulier n'avoient point d'a
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