peut faire jecter l'arme pour tout
supplice qu'on leur puisse inferer."
"Avec ce caractere ils recoivent la puissance de nuire, de charmer, et en
font aussi participans leurs enfans si couvertement ou expressement, ils
donnent consentement au serment et alliance que leurs peres ont faictes
avec les diables, ou bien de ce que les meres ont soubs cette intention
dedie ou consacre leurs enfans aux demons des qu'ils sont non seulement
naiz mais aussi conceuz, et advient souvent que par les ministeres de ces
demons quelques sorciers ont este veu avoir deux prunelles en chaque oeil,
et d'autres le pourtraict d'un cheval en l'un, et double prunelle en
l'autre. Ce que s'est faict pour servir de marque et caractere de
l'alliance faicte avec eux. Car les demons peuvent en graver et effigier
sur la cher du tendrelet embrion tels ou semblables lignes et lineamens."
"Ces marques, disait Jacques Fontaine[1], ne sont pas gravees par le demon
sur les corps des sorciers, pour les recognoistre seulement, comme font les
capitaines des compagnies de chevaux-legers qui cognoissent ceux qui sont
de leur compagnie par la couleur des casaques, mais pour contrefaire le
createur de toutes choses, pour montrer sa superbe, et l'authorite qu'il a
acquise sur les miserables humains que se laissent attrapper a ses
cautelles et ruses pour le tenir en son service et subjection par la
recognoissance des marques de leur maitre. Pour les empescher en tant qu'il
luy est possible, de se desdire de leurs promesses et serments de fidelite,
parce qu'en luy faisan banqueroute, les marques ne demeurent pas moins
tousjours sur leurs corps, pour, en cas d'accusation servir de moyen de les
perdre a la moindre descouverte qu'il s'en puisse faire."
[Note 1: _Discours des marques des sorciers et de la reelle
possession, etc._, par Jacques Fontaine. Paris, Denis Langlois,
1611, in-12, p. 6.]
"Un accuse nomme Louis Gaufridy, qui venoit d'etre condamne au feu...
estoit marque en plus de trente endroits du corps et principalement sur les
reins ou il avait une marque de luxure si enorme et profonde, esgard au
lieu, qu'on y plantoit une esguille jusques a trois doigts de travers sans
appercevoir aucun sentiment ny aucune humeur que la picqueure rendit."
Le meme auteur etablit que les marques des sorciers sont des parties
mortifiees par l'attouchement du doigt du diable.
"Vers 1591, on arreta comme sorciere une vieille femme de quatre-vingts
ans, mend
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