e a Treves et Aix la
Chapelle, ce qui fut fait; et le religieux ayant obei fut delivre."
[Note 1: _Demonomanie_, livre III, dernier chap.]
Bodin[1] cite encore cette histoire, "notoire aux Parisiens, advenue en la
ville de Paris, en la rue Sainct-Honore, au Cheval rouge. Un passementier
avoit atire sa niepce chez luy la voyant orpheline. Certain jour la fille
priant sur la fosse de son pere a Sainct-Gervais, Satan se presente a elle
seule, en forme d'homme grand et noir, lui prenant la main et disant:
M'amie, ne crain point, ton pere et ta mere sont bien. Mais il faut dire
quelques messes et aller en voyage a Nostre Dame des Vertus, et ils iront
droit en paradis. La fille demande a cet esprit si soigneux du salut des
hommes qui il estoit: Il repondit qu'il estoit Satan, et qu'elle ne
s'estonna point. La fille fit ce qui lui estoit commande. Quoy fait il lui
dit qu'il faloit aller en voyage a Sainct-Jacques. Elle respondit: Je ne
scaurois aller si loin. Depuis Satan ne cessa de l'importuner, parlant
familierement a elle seule faisant sa besogne, lui disant ces mots: Tu es
bien cruelle; elle ne voudroit pas mettre ses cizeaux au sein pour l'amour
de moy. Ce qu'elle faisoit pour le contenter et s'en despecher. Mais cela
fait il lui demandoit en don quelque chose, jusques a de ses cheveux, dont
elle lui donna un floquet. Quelques jours apres il voulut lui persuader de
se jetter dedans l'eau, tantost qu'elle s'estranglast, lui mettant au col a
ceste fin la corde d'un puits; mais elle cria tellement qu'il ne poursuivit
point. Combien que son oncle voulant un jour la revancher fut si bien
battu, qu'il demeura malade au lict plus de quatre jours. Une autre fois
Satan voulut la forcer et conoistre charnellement, et pour la resistance
qu'elle fit, elle fut battue jusques a effusion de sang. Entre plusieurs
qui virent cette fille fut un nomme Choinin, secretaire de l'evesque de
Valence, lequel lui dit qu'il n'y avoit plus beau moyen de chasser l'esprit
qu'en ne lui respondant rien de ce qu'il diroit: encore qu'il commandast de
prier Dieu, ce qu'il ne fait jamais qu'en le blasphemant et le conjoignant
tousjours avec ses creatures par irrision. De fait Satan voyant que la
fille ne lui respondoit rien, ni ne faisoit chose quelconque pour lui la
print et la jetta contre terre, et de puis elle ne vid rien. M. Amiot,
evesque d'Auxerre et le cure de la fille n'y avoyent sceu remedier."
[Note 1: Au 3e livre de la _Demonomanie_,
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