amez
Et de puceles jois et honorez;
Et je voldrai qu'il soit bons clers letrez
D'art d'yngremance apris et doctrinez
Par quoi s'avient qu'il soit emprisonez
En fort chastel, ne en tour enfermez,
Que il s'en isse ancois .iij. jours passez,
Et dist la tierce: Dame, bien dit avez,
Or li donrai, se vous le comandez.
Dient les autres: faites vos volontez,
Mais gardez bien qu'il ne soit empirez.
La tierce fee fut mult de grand valour
A l'enfant done et prouece et baudour,
Cortois et sages, si est bel parliour
Chiens et oisiaux ne trace a nul jour,
Et soit archiers c'on ne sache mellour.
De .x. royaumes tendra encor l'ounour.
A tant se lievent toutes .iij. sanz demour;
Li jours apert, si voient la luour
Alors s'en vont plus n'i ont fait sejour.
L'enfant commandent a Dieu le creatour.
"Souvent, dit M. Leroux de Lincy[1] et principalement en Bretagne, au lieu
d'attendre les fees, on allait au devant d'elles, et l'on portait l'enfant
dans les endroits connus pour servir de demeure a ces divinites. Ces lieux
etaient celebres, on doit le penser, et beaucoup de nos provinces ont
consacre le souvenir de cette croyance dans la designation de _grottes aux
fees_ que portent quelques sites ecartes ou souterrains de leur
territoire."
[Note 1: _Le Livre des legendes_, introduction, p. 180.]
Le fragment du roman de _Brun de la Montagne_ qui nous est parvenu se
rapporte a cet usage: Butor, baron de la Montagne, ayant epouse une jeune
femme, quoique vieux, en eut un fils, qu'il resolut de faire porter a la
fontaine la ou les fees viennent se reposer. Il dit a la mere:
Il a des lieux faes es marches de Champaigne,
Et aussi en a il en la Roche Grifaigne;
Et si croy qu'il en a aussi en Alemaigne,
Et en bois Bersillant, par dosous la montaigne;
Et non pourquant ausi en a il en Espaigne,
Et tout cil lieu fae sont Artu de Bretaigne.
Le seigneur de la Montagne confia son fils a Bruyant, chevalier qu'il
aimait. Et celui-ci partit avec une troupe de vassaux. Ils deposerent
l'enfant aupres de la foret de Brocheliande, et les dames fees ne tarderent
pas a s'y rendre; elles etaient bien gracieuses et leur corps, plus blanc
que neige, etait revetu d'une robe de meme couleur; sur leur tete brillait
une couronne d'or. Elles s'approcherent, et quand elles virent l'enfant:
Voici un nouveau-ne, dit l'une d'elles. Certainement, reprit la plus belle,
qui paraissait commander aux deux au
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