ct de ceste promesce."
"L'an 1558, suivant Job Fincel[1], advint a Mechelrode en Allemagne, un cas
merveilleux, confirme par les tesmoignages de plusieurs hommes dignes de
foy. Sur le soir, environ les neuf heures, un personnage vestu d'une robe
blanche, suivi d'un chien blanc, vint heurter a la porte d'une pauvre
honneste femme, et l'appelle par son nom. Elle estimant que ce fust son
mari, lequel avoit este fort long-temps en voyage lointain courut vite a la
porte. Ce personnage la prenant par la main lui demande en qui elle mettait
toute la fiance de son salut? En Jesus-Christ, respond-elle. Lors il lui
commande de le suivre: dont faisant refus il l'exhorta d'avoir bon courage,
de ne craindre rien. Quoy dit, il la mena toute la nuit par une forest. Le
lendemain, il la fit monter environ midi sur une haute montagne, et lui
montra des choses qu'elle ne sceut jamais dire ni descouvrir a personne. Il
luy enjoint de s'en retourner chez soy et d'exhorter chacun a se detourner
de son mauvais train: adjoustant qu'un embrasement horrible estoit prochain
et lui commanda aussi de se reposer huit jours dans sa maison, a la fin
desquels il reviendroit a elle. Le jour suivant au matin, la femme fut
trouvee a l'entree du village et emmenee en son logis, ou elle resta huit
jours entiers sans boire ni manger... disant qu'estant extremement lasse,
rien ne lui estoit plus agreable que le repos; que dans huit jours l'homme
qui l'avoit emmenee reviendroit et lors elle mangeroit. Ainsi avint-il:
mais depuis ceste femme ne bougea du lit, le plus de temps souspirant le
plus profond du coeur et s'escriant souventes fois: O combien sont grandes
les joies de cette vie-la! o que la vie presente est miserable!
Quelques-uns lui demandant si elle estimoit que ce personnage vestu de
blanc qui lui estoit ainsi aparu, fust un bon ange ou plustost quelque
malin esprit, lequel se fust transforme en esprit de lumiere? elle
respondoit: Ce n'est point un malin esprit, c'est un sainct ange de Dieu,
qui m'a commande de prier Dieu soigneusement, d'exhorter grands et petits a
amendement de vie. Si on l'interrogoit de sa creance: Je confesse
(disoit-elle) que je suis une pauvre pecheresse; mais je croy que
Jesus-Christ m'a acquis pardon de tous mes pechez par le benefice de sa
mort et passion. Le pasteur du lieu rendoit tesmoignage de singuliere piete
et humble devotion a ceste femme, adjoustant qu'elle estoit bien instruite
et pouvoit rendre raison de sa religi
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