ou democratique; de
quelles gens le conseil general du departement etait compose; que sais-je?
Quand la nuit vint, il prit un guide pour aller coucher au Pin, et je ne le
revis plus que trois jours apres. Il passa devant Chateaubrun et s'arreta a
ma porte, pour me remercier, disait-il, de l'obligeance que je lui avais
montree; mais, dans le fait, je crois, pour me faire encore des
questions.--Je reviendrai dans un mois, me dit-il en prenant conge de moi,
et je crois que je me deciderai pour Gargilesse. C'est un centre, le lieu
me plait, et j'ai dans l'idee que votre petit ruisseau, que vous faites si
mechant, ne sera pas bien difficile a reduire. J'aurai moins de depenses
pour le gouverner que je n'en aurais sur la Creuse; et, d'ailleurs,
l'espece de petit danger que nous avons couru en le traversant et que nous
avons surmonte me fait croire que ma destinee est de vaincre en ce lieu.
"La-dessus cet homme me quitta. C'etait M. Cardonnet.
"Moins de trois semaines apres, il revint avec un mecanicien anglais et
plusieurs ouvriers de la meme partie; et, depuis ce temps, il n'a cesse de
remuer de la terre, du fer et de la pierre a Gargilesse. Acharne a son
oeuvre, il est leve avant le jour, et couche le dernier. Tel temps qu'il
fasse il est dans la vase jusqu'aux genoux, ne perdant pas de l'oeil un
mouvement de ses ouvriers, sachant le pourquoi et le comment de toutes
choses, et menant de front la construction d'une vaste usine, d'une maison
d'habitation avec jardin et dependances, de batiments d'exploitation, de
hangars, de digues, ponts et chaussees, enfin un etablissement magnifique.
Durant son absence, les gens d'affaires avaient traite pour lui de
l'acquisition du local, sans qu'il parut s'en meler. Il a achete cher;
aussi a-t-on cru tout d'abord qu'il n'entendait rien aux affaires et qu'il
venait _se couler_ ici. On s'est moque de lui encore plus, quand il a
augmente le prix de la journee des ouvriers; et quand, pour amener le
conseil municipal a lui laisser diriger comme il l'entendrait le cours de
la riviere, il s'est engage a faire une route qui lui a coute enormement;
on a dit: cet homme est fou; l'ardeur de ses projets le ruinera. Mais, en
definitive, je le crois aussi sage qu'un autre, et je gage qu'il reussira a
bien placer sa demeure et son argent. La riviere l'a beaucoup contrarie
l'automne dernier, mais, par fortune, elle a ete fort tranquille ce
printemps, et il aura le temps d'achever ses travaux avant le r
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