ceau,
s'avancait dans le Hunde-Ruck. La retraite de ces deux dernieres
divisions fut extremement difficile, et aurait pu devenir impossible, si
Clerfayt, comprenant bien toute l'importance de sa belle manoeuvre, eut
agi avec des masses plus fortes et avec une rapidite suffisante. Il
pouvait, de l'avis des militaires, apres avoir rompu la ligne francaise,
tourner rapidement les divisions qui descendaient vers le Bas-Rhin, les
envelopper, et les renfermer dans le coude que le Rhin forme de Mayence
a Bingen.
La manoeuvre de Clerfayt n'en fut pas moins tres-belle, et regardee
comme la premiere de ce genre executee par les coalises. Tandis qu'il
enlevait ainsi les lignes de Mayence, Wurmser, faisant une attaque
simultanee sur Pichegru, lui avait enleve le pont du Necker, et l'avait
ensuite repousse dans les murs de Manheim. Ainsi, les deux armees
francaises ramenees au-dela du Rhin, conservant a la verite Manheim,
Neuwied et Dusseldorf, mais separees l'une de l'autre par Clerfayt, qui
avait chasse tout ce qui bloquait Mayence, pouvaient courir de grands
dangers devant un general entreprenant et audacieux. Le dernier
evenement les avait fort ebranlees; des fuyards avaient couru jusque
dans l'interieur, et un denument absolu ajoutait au decouragement de
la defaite. Clerfayt, heureusement, se hatait peu d'agir, et employait
beaucoup plus de temps qu'il n'en aurait fallu pour concentrer toutes
ses forces.
Ces tristes nouvelles, arrivees du 11 au 12 brumaire a Paris, au moment
meme de l'installation du directoire, contribuerent beaucoup a augmenter
les difficultes de la nouvelle organisation republicaine. D'autres
evenemens moins dangereux en realite, mais tout aussi graves en
apparence, se passaient dans l'Ouest. Un nouveau debarquement d'emigres
menacait la republique. Apres la funeste descente de Quiberon, qui ne
fut tentee, comme on l'a vu, qu'avec une partie des forces preparees
par le gouvernement anglais, les debris de l'expedition avaient ete
transportes sur la flotte anglaise, et deposes ensuite dans la petite
ile d'Ouat. On avait debarque la les malheureuses familles du Morbihan
qui etaient accourues au-devant de l'expedition, et le reste des
regimens emigres. Une epidemie et d'affreuses discordes regnaient sur ce
petit ecueil. Au bout de quelque temps, Puisaye, rappele par tous les
chouans qui avaient rompu la pacification, et qui n'attribuaient qu'aux
Anglais, et non a leur ancien chef, le malheur de Quiberon, Pui
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