omme on pourrait le
supposer, la magnificence qui lui donne le vertige; il n'est point ivre
des exhalaisons extatiques de ces innombrables encensoirs. _Il est vrai
que tout cela lui a donne a penser--mais!_ Le Duc de l'Omelette est
frappe de terreur; car, a travers la lugubre perspective que lui ouvre
une seule fenetre sans rideaux, la! flamboie la lueur du plus spectral
de tous les feux!
_Le pauvre Duc!_ Il ne put s'empecher de reconnaitre que les glorieuses,
voluptueuses et eternelles melodies qui envahissaient la salle,
transformees en passant a travers l'alchimie de la fenetre enchantee,
n'etaient que les plaintes et les hurlements des desesperes et des
damnes! Et la! oui, la! sur cette ottomane!--qui donc pouvait-ce
etre?--lui, le _petit-maitre_--non, la Divinite!--assise et comme
sculptee dans le marbre, et _qui sourit_ avec sa figure pale si
_amerement_!
_Mais il faut agir_--c'est-a-dire, un Francais ne perd jamais
completement la tete. Et puis, sa Grace avait horreur des scenes. De
l'Omelette redevient lui-meme. Il y avait sur une table plusieurs
fleurets et quelques epees. Le Duc a etudie l'escrime sous B.....--_Il
avait tue ses six hommes._ Le voila sauve. Il mesure deux epees, et
avec une grace inimitable, il offre le choix a sa Majeste.--Horreur! sa
Majeste ne fait pas d'armes!
_Mais elle joue?_ Quelle heureuse idee! Sa Grace a toujours une
excellente memoire. Il a etudie a fond le "Diable" de l'abbe Gaultier.
Or il y est dit "_que le Diable n'ose pas refuser une partie d'ecarte._"
Oui, mais les chances! les chances!--Desesperees, sans doute; mais a
peine plus desesperees que le Duc. Et puis, n'etait-il pas dans le
secret? N'avait-il pas ecreme le pere Le Brun? N'etait-il pas membre du
Club Vingt-un? "_Si je perds_, se dit-il, _je serai deux fois perdu_--je
serai deux fois damne--_voila tout!_ (Ici sa Grace haussa les epaules).
_Si je gagne, je retournerai a mes ortolans--que les cartes soient
preparees!_"
Sa Grace etait tout soin, tout attention--sa Majeste tout abandon. A les
voir, on les eut pris pour Francois et Charles. Sa Grace ne pensait qu'a
son jeu; sa Majeste ne pensait pas du tout. Elle battit; le Duc coupa.
Les cartes sont donnees. L'atout est tourne;--c'est--c'est--le Roi!
Non--c'etait la Reine. Sa Majeste maudit son costume masculin. De
l'Omelette mit sa main sur son coeur.
Ils jouent. Le Duc compte. Il n'est pas a son aise. Sa Majeste compte
lourdement, sourit et prend un coup
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