ille. Il eteint sa chandelle.
Il se met au lit. Il etend sa tete sur l'oreiller. Apres quoi, notre
filou _fait sa grimace_. Ce n'est pas une hypothese. Rien de plus
naturel. Je raisonne _a priori_, et dis qu'un filou ne serait pas un
filou sans sa grimace.
On peut faire remonter l'origine de la filouterie a l'enfance de la race
humaine. Adam fut peut-etre le premier filou. En tout cas, nous pouvons
suivre les traces de cette science jusqu'a une tres haute antiquite.
Il est vrai que les modernes l'ont amenee a un degre de perfection que
n'auraient jamais revee les tetes dures de nos ancetres. Sans m'arreter
a parler des "vieilles scies", je me contenterai de presenter un resume
de quelques-uns "des cas les plus modernes."
Voici une excellente filouterie. Une maitresse de maison a besoin d'un
sofa. Elle va visiter plusieurs magasins de meubles. Elle arrive enfin
dans un magasin bien assorti. A la porte, un individu poli et ayant la
langue bien pendue l'accoste et l'invite a entrer. Elle trouve un sofa
qui fait parfaitement son affaire; elle en demande le prix, et se trouve
surprise et enchantee a la fois d'entendre articuler une somme de vingt
pour cent au moins au dessous de son attente. Elle se hate de conclure
le marche, prend une facture et un recu, laisse son adresse, en priant
d'envoyer l'article a la maison le plus tot possible, et se retire
pendant que le marchand se confond en reverences et en salutations. La
nuit vient, et point de sofa. Le jour suivant se passe, et toujours
rien. Un domestique va s'enquerir des causes de ce retard. On n'a
connaissance d'aucun marche. Il n'y a point eu de sofa de vendu, point
d'argent de recu--excepte par le filou, qui a fort bien joue le role du
marchand.
Nos magasins de meubles sont abandonnes sans surveillance a la merci
du premier venu; ce qui donne toute facilite pour des tours de cette
espece. Les passants entrent, regardent les marchandises, et partent
sans qu'on les ait remarques ni vus. Si quelqu'un desire faire une
acquisition, ou s'enquerir du prix d'un article, une cloche est la sous
la main, et cette precaution parait amplement suffisante.
Autre filouterie fort respectable. Un individu bien mis entre dans une
boutique; il y fait une emplette de la valeur d'un dollar. Mais a son
grand regret, il s'apercoit qu'il a laisse son portefeuille dans la
poche d'un autre habit. Il dit donc au boutiquier: "Cela ne fait rien,
mon cher monsieur; vous m'obligerez en envoy
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