ouvertes--et arriver a quelque chose qui
ressemblait a une vue distincte du pays.... Pundit assure que _la route_
du grand chemin de fer du Canada doit avoir ete en partie tracee il y
a neuf cents ans! Il va jusqu'a dire qu'on distingue encore les traces
d'une route--traces qui remontent certainement a une epoque aussi
reculee. Il parait qu'il n'y avait que deux voies; la notre, vous le
savez, en a douze, et trois ou quatre autres sont en preparation. Les
anciens rails etaient tres minces; et si rapproches les uns des autres
qu'a en juger d'apres nos idees modernes, il ne se pouvait rien de plus
frivole, pour ne pas dire de plus dangereux. La largeur actuelle de la
voie--cinquante pieds--est meme consideree comme offrant a peine une
securite suffisante. Quant a moi, je ne fais aucun doute qu'il a du
exister quelque espece de voie a une epoque fort ancienne, comme
l'affirme Pundit; car rien n'est plus clair pour moi que ce fait:
qu'a une certaine periode--pas moins de sept siecles avant nous,
certainement,--les continents du Canada nord et sud n'en faisaient
qu'un, et que des lors les Canadiens durent necessairement construire un
grand chemin de fer qui traversat le continent.
_5 avril._--Je suis presque devore d'_ennui_. Pundit est la seule
personne avec qui l'on puisse causer a bord, et lui, la pauvre ame! il
ne saurait parler d'autre chose que d'antiquites. Il a passe toute
la journee a essayer de me convaincre que les anciens Amriccans
_se gouvernaient eux-memes_!--A-t-on jamais entendu une pareille
absurdite?--qu'ils vivaient dans une espece de confederation chacun pour
soi, a la facon des "chiens de prairie" dont il est parle dans la fable.
Il dit qu'ils partaient de cette idee, la plus drole qu'on puisse
imaginer--que tous les hommes naissent libres et egaux, et cela au nez
meme des lois de _gradation_ si visiblement imprimees sur tous les etres
de l'univers physique et moral.
Chaque individu votait--ainsi disait-on--c'est-a-dire participait aux
affaires publiques--et cela dura jusqu'au jour ou enfin on s'apercut que
ce qui etait l'affaire de chacun n'etait l'affaire de personne, et
que la _Republique_ (ainsi s'appelait cette chose absurde) manquait
totalement de gouvernement. On raconte, cependant, que la premiere
circonstance qui vint troubler, d'une facon toute speciale, la
satisfaction des philosophes qui avaient construit cette republique,
ce fut la foudroyante decouverte que le suffrage universel n'etait
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