ma mission avec confiance, sure de triompher desormais, le seul obstacle
qui entravait ma route ayant ete supprime par ma volonte.
"Endormi seulement, tout est a refaire peut-etre!... Qui peut jamais
savoir avec Pardaillan?... Si je pouvais penetrer jusqu'a lui... un coup
de poignard pendant qu'il dort et tout serait fini... Funeste idee
que j'ai eue de faire jeter la clef du caveau!... Mes precautions se
retournent contre moi."
Longtemps encore, elle resta ainsi a mediter.
Enfin, ayant pris sans doute des resolutions fermes, elle frappa sur un
timbre. A cet appel, un homme parut qui se courba avec obsequiosite.
Cet homme, c'etait le familier, le lieutenant et le pseudo-cousin de
Barba Roja, c'etait don Centurion.
--Maitre Centurion, dit Fausta, sur un ton de souveraine, on ne m'avait
pas trompee sur votre compte. Entre des mains habiles et puissantes,
vous pourriez etre un auxiliaire precieux. Vous avez, j'en conviens,
intelligemment et diligemment execute mes ordres. Je consens a vous
prendre definitivement a mon service.
--Ah! madame, dit Centurion au comble de la joie, croyez que mon zele et
mon devouement...
--Point de protestations superflues, interrompit Fausta, hautaine. La
princesse Fausta paie royalement, c'est pour qu'on la serve avec zele
et devouement. Votre interet me repond de votre zele et de votre
devouement... Pour la fidelite, nous en reparlerons. L'essentiel est que
vous soyez bien penetre de cette verite, que vous ne trouverez jamais un
maitre tel que moi.
--C'est vrai, madame, avoua humblement Centurion, c'est pourquoi je
considerais comme un honneur insigne d'entrer au service de la puissante
princesse que vous etes.
--Vous etes, maitre Centurion, pauvre, obscur et meprise de
tous--surtout de ceux qui vous emploient. Vous etes instruit,
intelligent, denue de scrupules, et, cependant, malgre votre superiorite
intellectuelle incontestable, vous resterez ce que vous etes: l'homme
des viles besognes, un compose bizarre et monstrueux de bravo, d'espion,
de spadassin. On vous emploie sous ces formes diverses, mais, quels que
soient les services que vous rendez, vous n'avez pas d'espoir de vous
elever au-dessus de cette basse condition. On a tout interet a vous
laisser dans l'ombre.
--Malheureusement, madame.
--Malgre tout, vous avez de vastes ambitions.
Fausta s'arreta une seconde, tenant Centurion anxieux sous son clair
regard. Puis, elle laissa tomber:
--Ces ambitions,
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