nt l'histoire fasse mention. Apres avoir franchi une
fois les Alpes pour entrer en Italie, il allait les franchir une seconde
fois, pour se jeter au-dela de la Drave et de la Muer, dans la vallee du
Danube, et s'avancer sur Vienne. Jamais armee francaise n'avait paru en
vue de cette capitale. Pour executer ce vaste plan, il fallait braver
bien des perils. Il laissait toute l'Italie sur ses derrieres, l'Italie
saisie de terreur et d'admiration, mais imbue toujours de l'idee que les
Francais ne pouvaient la posseder longtemps.
La derniere campagne de Rivoli et la prise de Mantoue avaient paru
terminer ces doutes; mais une marche en Allemagne allait les reveiller
tous. Les gouvernemens de Genes, de Toscane, de Naples, Rome, Turin,
Venise, indignes de voir le foyer de la revolution place a leurs cotes,
dans la Cispadane et la Lombardie, pouvaient saisir le premier revers
pour se soulever. Dans l'incertitude du resultat, les patriotes italiens
s'observaient, pour ne pas se compromettre. L'armee de Bonaparte etait
de beaucoup inferieure a ce qu'elle aurait du etre pour parer a tous les
dangers de son plan. Les divisions Delmas et Bernadotte, arrivees du
Rhin, ne comptaient pas au-dela de vingt mille hommes, l'ancienne armee
d'Italie en comptait au dela de quarante, ce qui, avec les troupes
lombardes, pouvait faire environ soixante et dix mille. Mais il fallait
laisser vingt mille hommes au moins en Italie, garder le Tyrol avec
quinze ou dix-huit mille, et il n'en restait que trente environ pour
marcher sur Vienne; temerite sans exemple. Bonaparte, pour parer a ces
difficultes, tacha de negocier avec le Piemont une alliance offensive
et defensive, a laquelle il aspirait depuis long-temps. Cette alliance
devait lui valoir dix mille hommes de bonnes troupes. Le roi, qui
d'abord ne s'etait pas contente de la garantie de ses etats pour prix
des services qu'il allait rendre, s'en contenta, maintenant qu'il voyait
la revolution gagner toutes les tetes. Il signa le traite, qui fut
envoye a Paris. Mais ce traite contrariait les vues du gouvernement
francais. Le directoire, approuvant la politique de Bonaparte en Italie,
qui consistait a attendre la chute tres-prochaine des gouvernemens, et a
ne point la provoquer, pour n'avoir ni la peine ni la responsabilite
des revolutions, le directoire ne voulait ni attaquer ni garantir
aucun prince. La ratification du traite etait donc fort douteuse, et
d'ailleurs elle exigeait quinze ou vingt jo
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