atiser toute l'Italie. Quoique l'empereur
n'eut point de ministre a Paris, on lui envoya Bernadotte pour lui
donner des explications et resider a Vienne. Quant a la cour de Naples,
sa fureur etait extreme de voir la revolution a ses portes. Elle
n'exigeait rien moins que deux ou trois des provinces romaines pour
s'apaiser. Elle voulait surtout le duche de Benevent et le territoire
de Ponte-Corvo, qui etaient tout-a-fait a sa convenance. On lui envoya
Garat pour s'entendre avec elle: on destina Trouve a la Cisalpine.
La revolution faisait donc des progres inevitables, et beaucoup plus
rapides que ne l'aurait voulu le directoire. Nous avons deja nomme un
pays ou elle menacait de s'introduire, c'est la Suisse. Il semble que
la Suisse, cette antique patrie de la liberte, des moeurs simples et
pastorales, n'avait rien a recevoir de la France, et seule n'avait pas
de revolution a subir; cependant, de ce que les treize cantons etaient
gouvernes avec des formes republicaines, il n'en resultait pas que
l'equite regnat dans les rapports de ces petites republiques entre
elles, et surtout dans leurs rapports avec leurs sujets. La feodalite,
qui n'est que la hierarchie militaire, existait entre ces republiques,
et il y avait des peuples dependans d'autres peuples, comme un vassal de
son suzerain, et gemissant sous un joug de fer. L'Argovie, le canton
de Vaud, dependaient de l'aristocratie de Berne; le Bas-Valais du
Haut-Valais; les bailliages italiens, c'est-a-dire les vallees pendant
du cote de l'Italie, de divers cantons. Il y avait en outre une foule de
communes dependantes de certaines villes. Le canton de Saint-Gall etait
gouverne feodalement par un couvent. Presque tous les pays sujets ne
l'etaient devenus qu'a des conditions contenues dans des chartes mises
en oubli, et qu'il etait defendu de remettre en lumiere. Les campagnes
relevaient presque partout des villes, et etaient soumises aux plus
revoltans monopoles; nulle part la tyrannie des corps de metier n'etait
aussi grande. Dans tous les gouvernemens, l'aristocratie s'etait
lentement emparee de l'universalite des pouvoirs. A Berne, le premier de
ces petits etats, quelques familles s'etaient emparees de l'autorite et
en avaient a jamais exclu toutes les autres: elles avaient leur livre
d'or, ou etaient inscrites toutes les familles gouvernantes. Souvent
les moeurs adoucissent les lois, mais il n'en etait rien ici. Ces
aristocraties se vengeaient avec la vivacite d'humeur p
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