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vieille et magnifique cite. Le ministre d'Azara, le mediateur ordinaire
de toutes les puissances italiennes aupres de la France, accourut au
quartier-general, pour negocier une convention. Le chateau Saint-Ange
fut livre aux Francais, a la condition, naturelle entre peuples
civilises, de respecter le culte, les etablissemens publics, les
personnes et les proprietes. Le pape fut laisse au Vatican, et Berthier,
introduit par la porte du Peuple, fut conduit au Capitole, comme les
anciens triomphateurs romains. Les democrates, au comble de leurs voeux,
se reunirent au Campo-Vaccino, ou se voient les vestiges de l'ancien
Forum, et, entoures d'un peuple insense, pret a applaudir a tous les
evenemens nouveaux, proclamerent la republique romaine. Un notaire
redigea un acte par lequel le peuple, qui s'intitulait peuple romain,
declarait rentrer dans sa souverainete et se constituer en republique.
Le pape avait ete laisse seul au Vatican. On alla lui demander
l'abdication de sa souverainete temporelle, car on n'entendait pas se
meler de son autorite spirituelle. Il repondit, du reste, avec dignite,
qu'il ne pouvait se depouiller d'une propriete qui n'etait point a lui,
mais a la succession des apotres, et qui n'etait qu'en depot dans ses
mains. Cette theologie toucha peu nos generaux republicains. Le pape,
traite avec les egards dus a son age, fut extrait du Vatican pendant
la nuit, et conduit en Toscane, ou il recut asile dans un couvent. Le
peuple de Rome parut peu regretter ce souverain qui avait cependant
regne plus de vingt annees.
Malheureusement des exces, non contre les personnes, mais contre les
proprietes, souillerent l'entree des Francais dans l'ancienne capitale
du monde. Il n'y avait plus a la tete de l'armee ce chef severe et
inflexible, qui, moins par vertu que par horreur du desordre, avait
poursuivi si severement les pillards. Bonaparte seul aurait pu imposer
un frein a l'avidite dans une contree aussi riche. Berthier venait de
partir pour Paris; Massena lui avait succede. Ce heros auquel la France
devra une eternelle reconnaissance pour l'avoir sauvee a Zurich d'une
ruine inevitable, fut accuse d'avoir donne le premier exemple. Il fut
bientot imite. On se mit a depouiller les palais, les couvens, les
riches collections. Des juifs a la suite de l'armee achetaient a vil
prix les magnifiques objets que leur livraient les depredateurs.
Le gaspillage fut revoltant. Il faut le dire: ce n'etaient pas les
offi
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