ropre aux
petits etats. Berne, Zurich, Geneve, avaient deploye souvent, et tres
recemment, l'appareil des supplices. Dans toute l'Europe il y avait des
Suisses, bannis forcement de leur pays, ou qui s'etaient soustraits par
l'exil aux vengeances aristocratiques. Du reste, mal unis, mal attaches
les uns aux autres, les treize cantons n'avaient plus aucune force;
ils etaient reduits a l'impuissance de defendre leur liberte. Par ce
penchant de mauvais freres, si commun dans les etats federatifs, presque
tous avaient recours dans leurs demeles aux puissances voisines, et
avaient des traites particuliers, les uns avec l'Autriche, les autres
avec le Piemont, les autres avec la France. La Suisse n'etait donc
plus qu'un beau souvenir et un admirable sol; politiquement, elle ne
presentait qu'une chaine de petites et humiliantes tyrannies.
On concoit des lors quel effet avait du produire dans son sein l'exemple
de la revolution francaise. On s'etait agite a Zurich, a Bale, a Geneve.
Dans cette derniere ville, surtout, les troubles avaient ete sanglans.
Dans toute la partie francaise, et particulierement dans le pays de
Vaud, les idees revolutionnaires avaient fait de grands progres. De leur
cote, les aristocrates suisses n'avaient rien oublie pour desservir la
France, et s'etaient etudies a lui deplaire autant qu'ils le pouvaient
sans provoquer sa toute-puissance. Messieurs de Berne avaient accueilli
les emigres et leur avaient rendu le plus de services possible. C'est
en Suisse que s'etaient machinees toutes les trames ourdies contre la
republique. On se souvient que c'est de Bale que l'agent anglais Wickam
conduisait tous les fils de la contre-revolution. Le directoire devait
donc etre fort mecontent. Il avait un moyen de se venger de la Suisse,
fort aise. Les Vaudois, persecutes par messieurs de Berne, invoquaient
l'intervention de la France. Lorsque le duc de Savoie les avait cedes a
Berne, la France s'etait rendue garante de leurs droits, par un traite a
la date de 1565; ce traite avait ete plusieurs fois invoque et execute
par la France. Il n'y avait donc rien d'etrange dans l'intervention du
directoire, aujourd'hui reclamee par les Vaudois. D'ailleurs, plusieurs
de ces petits peuples dependans avaient des protecteurs etrangers.
On a vu avec quel enthousiasme les Vaudois avaient recu le liberateur
de la Valteline, quand il passa de Milan a Rastadt, en traversant la
Suisse. Les Vaudois, pleins d'esperance, avaient envoye d
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