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sale et puante. On eut dit qu'une lepre l'avait ravagee, qui rongeait jusqu'aux maisons, car des squelettes de batiments defonces et abandonnes, ou bien des petites cabanes inachevees faute de paiement aux entrepreneurs, tendaient leurs quatre murs sans toit. De loin en loin, poussaient dans le sol sterile de longues cheminees de fabrique, seule vegetation de ces champs putrides ou la brise du printemps promenait un parfum de petrole et de schiste mele a une autre odeur moins agreable encore. Enfin, on avait traverse la Seine une seconde, fois, et, sur le pont, c'avait ete un ravissement. La riviere eclatait de lumiere; une buee s'en elevait, pompee par le soleil, et l'on eprouvait une quietude douce, un rafraichissement bienfaisant a respirer enfin un air plus pur qui n'avait point balaye la fumee noire des usines ou les miasmes des depotoirs. Un homme qui passait avait nomme le pays: Bezons. La voiture s'arreta, et M. Dufour se mit a lire l'enseigne engageante d'une gargote: "_Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de societe, bosquets et balancoires._" --Eh bien! madame Dufour, cela te va-t-il? Te decideras-tu a la fin? La femme lut a son tour: "_Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de societe, bosquets et balancoires._" Puis elle regarda la maison longuement. C'etait une auberge de campagne, blanche, plantee au bord de la route. Elle montrait, par la porte ouverte, le zinc brillant du comptoir devant lequel se tenaient deux ouvriers endimanches. A la fin, Mme Dufour se decida:--"Oui, c'est bien, dit-elle; et puis il y a de la vue."--La voiture entra dans un vaste terrain plante de grands arbres qui s'etendait derriere l'auberge et qui n'etait separe de la Seine que par le chemin de halage. Alors on descendit. Le mari sauta le premier, puis ouvrit les bras pour recevoir sa femme. Le marchepied, tenu par deux branches de fer, etait tres loin, de sorte que, pour l'atteindre, Mme Dufour dut laisser voir le bas d'une jambe dont la finesse primitive disparaissait a present sous un envahissement de graisse tombant des cuisses. M. Dufour, que la campagne emoustillait deja, lui pinca vivement le mollet, puis, la prenant sous les bras, la deposa lourdement a terre, comme un enorme paquet. Elle tapa avec la main sa robe de soie pour en faire tomber la poussiere, puis regarda l'endroit ou elle se trouvait. C'etait une femme de trente-six ans environ, forte en chair, epanouie
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