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Heraclius le Chauve, abbe de Joug-Dieu, frere
D'Acceptus, archeveque et primat de Lyon,
Etant aux champs avec le diacre Pollion,
Vit, dans les profondeurs par les vents remuees,
Un archange essuyer son epee aux nuees.
LA ROSE DE L'INFANTE
Elle est toute petite, une duegne la garde.
Elle tient a la main une rose, et regarde.
Quoi? que regarde-t-elle? Elle ne sait pas. L'eau,
Un bassin qu'assombrit le pin et le bouleau;
Ce qu'elle a devant elle; un cygne aux ailes blanches,
Le bercement des flots sous la chanson des branches,
Et le profond jardin rayonnant et fleuri.
Tout ce bel ange a l'air dans la neige petri.
On voit un grand palais comme au fond d'une gloire,
Un parc, de clairs viviers ou les biches vont boire,
Et des paons etoiles sous les bois chevelus.
L'innocence est sur elle une blancheur de plus;
Toutes ses graces font comme un faisceau qui tremble.
Autour de cette enfant l'herbe est splendide et semble
Pleine de vrais rubis et de diamants fins;
Un jet de saphirs sort des bouches des dauphins.
Elle se tient au bord de l'eau; sa fleur l'occupe.
Sa basquine est en point de Genes; sur sa jupe
Une arabesque, errant dans les plis du satin,
Suit les mille detours d'un fil d'or florentin.
La rose epanouie et toute grande ouverte,
Sortant du frais bouton comme d'une urne ouverte,
Charge la petitesse exquise de sa main;
Quand l'enfant, allongeant ses levres de carmin,
Fronce, en la respirant, sa riante narine,
La magnifique fleur, royale et purpurine,
Cache plus qu'a demi ce visage charmant,
Si bien que l'oeil hesite, et qu'on ne sait comment
Distinguer de la fleur ce bel enfant qui joue,
Et si l'on voit la rose ou si l'on voit la joue.
Ses yeux bleus sont plus beaux sous son pur sourcil brun.
En elle tout est joie, enchantement, parfum;
Quel doux regard, l'azur! et quel doux nom, Marie!
Tout est rayon: son oeil eclaire et son nom prie.
Pourtant, devant la vie et sous le firmament,
Pauvre etre! elle se sent tres grande vaguement;
Elle assiste au printemps, a la lumiere, a l'ombre,
Au grand soleil couchant horizontal et sombre,
A la magnificence eclatante du soir,
Aux ruisseaux murmurants qu'on entend sans les voir,
Aux champs, a la nature eternelle et sereine,
Avec la gravite d'une petite reine;
Elle n'a jamais vu l'homme que se courbant;
Un jour, elle sera duchesse de Brabant;
Elle gouvernera la Flan
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