naison plus
ou moins habile pour se debarrasser de la surveillance de miss Armagh.
Sans raison, sans pretexte, elle quitterait furtivement le chateau, et
sortant du parc elle se rendrait aux ruines. Si on s'inquietait d'elle,
ce qui etait probable, si on la cherchait, tant pis; l'essentiel etait
qu'on ne la trouvat point, et il y avait bien des chances pour qu'on ne
vint pas la relancer jusque dans les ruines du temple.
Vers deux heures elle sortit du chateau, et tout d'abord elle se dirigea
du cote oppose a celui ou se trouvaient les ruines, de facon que si l'on
demandait aux jardiniers ou elle etait, ils indiquassent une fausse
piste.
Tant qu'on put la voir elle marcha doucement d'un air indifferent comme
si elle se promenait sans trop savoir ou elle allait, puis lorsqu'elle
fut arrivee a un massif boise qui la cachait, elle prit une allee
laterale, et vivement elle se dirigea vers la sortie du parc.
Elle avait bien examine toutes ses chances, les bonnes comme les
mauvaises, et sa grande inquietude avait ete de trouver chez lui le
garde qui habitait le pavillon eleve a cette porte, car s'il la voyait
passer, il ne manquerait pas de donner des indications dangereuses a
ceux qui la chercheraient; heureusement a cette heure de la journee
il devait etre en tournee dans la foret, ses enfants devaient etre a
l'ecole, et comme il etait veuf, il y avait des probabilites pour que la
maison fut inoccupee.
Les choses se realiserent ainsi: les portes et les fenetres du pavillon
etaient fermees, et personne ne se trouva la pour la voir ouvrir et
refermer la porte.
Dans la foret elle etait sauvee.
Elle regarda l'heure a sa montre, la demie etait passee de cinq minutes;
comme il fallait un quart d'heure a peine pour atteindre la colline,
elle avait du temps devant elle.
Se disant cela elle voulut respirer, mais ce fut en vain, son coeur
etait trop serre par l'emotion.
C'etait chose si grave que celle qu'elle faisait.
C'etait sa vie, son honneur qu'elle engageait, sans avoir consulte
personne, de son propre mouvement, sinon par un coup de tete au moins
par un entrainement du coeur.
Elle voulut chasser ces idees et se mit a regarder autour d'elle, tout
en marchant a petits pas.
A travers les branches depouillees de feuilles, l'oeil s'etendait au
loin sous bois et se perdait dans la confusion grise des taillis. La
solitude etait profonde, et dans le silence de la foret, on n'entendait
que la plainte monotone d
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