endant que madame Pretavoine parlait, l'eveque continuait a se regarder
dans la glace; a cette conclusion, il se fit un signe de tete que madame
Pretavoine prit pour elle, et qu'elle interpreta comme un blame, ou tout
au moins comme un doute.
--Qu'elle voulut ce mariage qui devait assurer le bonheur de son fils,
cela etait tout naturel, car elle adorait ce fils qui etait tout pour
elle, sa consolation,--elle avait la douleur d'etre veuve,--et son
esperance. Mais ce n'etait point par des considerations de ce genre que
l'abbe Guillemittes desirait ce mariage, et l'appuyait de toutes ses
forces. C'etait parce qu'il devait puissamment venir en aide a la
religion menacee en France, a l'Eglise indignement persecutee. En effet,
c'etait pour etre le defenseur de la religion et de l'Eglise, que ce
fils avait ete eleve. C'etait la le but de sa vie, et la tache qu'il
s'etait imposee. Eleve de l'universite de Louvain, il s'etait
prepare, par de fortes etudes, a cette mission, et il la remplirait
courageusement sans se laisser distraire par aucun interet terrestre.
Quelle influence, quelle autorite n'aurait pas un homme ainsi prepare,
ainsi resolu, alors qu'il serait devenu le gendre du comte de la
Roche-Odon? Ainsi considere, ce mariage n'etait plus une affaire
personnelle du succes de laquelle dependait le bonheur de celui-ci et de
celle-la, c'etait le triomphe de la religion et de l'Eglise. Ce que M.
l'abbe Guillemittes demandait au Saint-Pere, ce n'etait point un vain
titre, c'etait une arme pour resister a l'envahissement des mauvais
principes, et assurer le triomphe des bons. Elle, mere, avait offert son
fils a Dieu; maintenant elle demandait au Saint-Pere de prendre ce fils
et d'en faire le soldat de l'Eglise.
XII
Lorsque madame Pretavoine fut arrivee au bout de son long discours, Mgr
de la Hotoie garda le silence pendant quelques minutes, puis, au lieu de
lui repondre, il lui adressa une nouvelle question:
--Et pourquoi Guillemittes a-t-il besoin de mes services dans des
conditions qui doivent m'etre expliquees par vous? demanda-t-il.
--M. l'abbe Guillemittes attache tant de prix a ce mariage, que, pour
etre mieux en situation de le faire reussir, il consent a accepter
l'eveche de Conde-le-Chatel, apres l'avoir pendant si longtemps refuse.
--Ah! vraiment.
--Vous savez quelles etaient les raisons de son refus, il ne voulait pas
abandonner les oeuvres qu'il avait fondees, son eglise, le patronat de
Saint-Jos
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