foret. Nous recommencerons
experience par temps plus clair.
Vingt minutes apres, le ballon plane toujours dans l'espace retenu a la
meme hauteur par ses deux cordes; l'appareil Morse s'agite, c'est une
reponse qui vient de Tours.
--Nous vous felicitons, repete l'appareil electrique, tenez-nous au
courant de tous vos essais.
Le temps est calme, l'air est presque immobile, les ascensions se
succedent ce jour-la jusqu'a six fois. M. Aubry, chef de la mission
telegraphique a l'armee de la Loire, un capitaine d'etat-major montent a
tour de role et paraissent ravis de leurs impressions aeriennes.
Le 19 novembre, on a recu l'ordre de porter le ballon en avant jusqu'a
Gidy, au milieu du camp francais. Mais il est neuf et a perdu du gaz, il a
besoin de recevoir une nouvelle couche de vernis. Duruof prend le parti de
degonfler le ballon, de le reporter a Orleans ou il est reverni sur toutes
ses cotes. Le 20, la _Ville de Langres_, bien impermeable, est regonfle,
mais le vent violent souffle par rafales et le transport est penible.
Malgre les lenteurs de la marche, malgre des difficultes de toutes sortes,
l'aerostat, a la nuit tombante, arrive enfin au milieu du camp francais a
Gidy.
Il est impossible de decrire l'enthousiasme des soldats a la vue de
ce merveilleux appareil si nouveau pour eux; ils se precipitent a sa
rencontre et poussent des clameurs de joie, comme pour feliciter le
nouveau factionnaire qui va monter la garde a 200 metres au-dessus de
leurs tetes. C'est bien autre chose encore quand, le lundi 21, ils voient
l'aerostat s'elever dans les airs: nos braves soldats ne se tiennent plus
de joie, c'est comme une fete dans tout le camp. Un officier d'etat-major
monte dans la nacelle et ne parait que fort mediocrement rassure.
--Je veux descendre, dit-il, a quarante metres de haut, jetez du lest,
criait-il a l'aeronaute.
Or, on jette du lest, comme chacun sait, pour monter et non pour revenir
a terre; mais il parait qu'on peut etre tout a la fois un excellent
militaire et un tres-mauvais aeronaute. Cette ascension, au reste, etait
assez emouvante, le vent etait vif et la machine aerienne se penchait
frequemment a terre, oscillant au bout de son cable a la facon d'un grand
pendule retourne. Dans la nuit, l'air devient menacant, une veritable
tempete se met a souffler, et le ballon, malgre sa solidite, ne peut
resister a l'effort de l'ouragan. Le cercle de bois, qui craque comme la
mature d'un navire pendant
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