n'a pas de bobine de Ruhmkorff suffisante a la production d'une lumiere
intense.
_Mardi 20_.--Nous voyons le general de Marivaux. Il n'a pu assister encore
a nos ascensions et nous annonce qu'il ne sait pas s'il devra s'en occuper
a l'avenir. Le general Chanzy va venir au Mans avec son armee.
A une heure, nous nous mettons en mesure de faire quelques ascensions. Le
temps est limpide et clair. Nous atteignons, au bout de nos cables, la
hauteur de 300 metres. Le spectacle qui s'offre a notre vue est admirable.
La campagne s'ouvre a nous en un cercle immense qui n'a pas moins de
quarante a cinquante kilometres de diametre.
Jusqu'a perte de vue, nous apercevons des bataillons francais qui defilent
sur les routes et qui reviennent au Mans. C'est l'armee du general Chanzy
qui se replie de Vendome.
Des escadrons de cuirassiers aux manteaux rouges, defilent au milieu des
pres verts, ils offrent l'aspect de rubans de coquelicots. Nous sondons
le lointain avec notre lunette, mais les mouvements de la nacelle genent
l'observation. Toutefois, avec un peu d'application, on arrive a viser
un point determine. Mais que ne ferait-on pas avec la pratique, avec
l'habitude? L'art des ascensions captives est a faire, c'est une ecole a
organiser.
Les soldats levent la tete de toutes parts et se demandent quelle est
cette nouvelle sentinelle juchee dans les nuages. Nous sommes vus a la
fois par cent mille hommes dont nous dominons les tetes du haut des airs.
Nous profitons du temps clair pour faire monter et descendre la _Ville de
Langres_, nos collegues Bertaux, Revilliod, Poirrier, nous succedent a
tour de role dans la nacelle. Un grand nombre d'habitants du Mans, des
dames, voudraient bien tenter l'ascension, mais nous ne permettons pas
qu'on se fasse un jeu de notre aerostat. Il appartient a l'armee, quelques
rares privilegies seulement prennent part aux ascensions.
A quatre heures, le capitaine de la compagnie des mobiles qui font nos
manoeuvres, nous apprend qu'il a recu l'ordre de nous quitter. C'est le
general Chanzy qui va prendre au Mans le commandement militaire. Il va
falloir sans doute nous mettre en rapport avec lui.
Les journaux ne parlent qu'en termes assez vagues des mouvements de la
deuxieme armee qui revient au Mans. On s'accorde a rendre hommage a
l'habilete, a l'energie de son general en chef. Chacun espere que la
France a enfin trouve un sauveur.
V
Une visite au general Chanzy.--Ascension faite
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