on necessaire.
On revient une heure apres, trop heureux si l'on peut penetrer dans le
cabinet du fonctionnaire. Il n'a nullement songe a votre affaire, il y
repond en homme qui l'a meditee. Il trouve la bien des irregularites,
mais, en vrai patriote, il vous donne l'ordre demande. N'aurait-t-il
pas ete bien plus simple de le donner de suite? Les saintes regles de
l'administration s'y opposent.
A midi le _Jean-Bart_ va se mettre en marche. Jossec, et son compagnon
Guillaume, regardent le ballon avec admiration. Tous deux sont sortis de
Paris en ballon, sans avoir auparavant jamais vu l'admirable appareil
du au genie des Montgolfier. Ils ont deja brave la tempete et les vents
furieux, mais l'aerostat leur a laisse un souvenir plus profond que celui
du navire. Ils nous ont parle avec enthousiasme de leur premier voyage
aerien; en hommes energiques et devoues, ils sont devenus les plus chauds
partisans de la navigation aerienne.
--Ah! Monsieur, me disait Jossec, quelle difference entre le ballon et le
vaisseau!--Il n'y a plus dans la nacelle aerienne ni vent, ni roulis,
ni tangage, et rien a faire qu'a admirer le ciel. Je veux renoncer a la
marine et me faire aeronaute.
Mais le brave Jossec parlait des ascensions en ballon libre, il n'avait
pas encore goute du ballon captif, il devait voir que le voyage est moins
agreable, et herisse de difficultes sans nombre.
Bientot tout est pret pour le depart, il faut nous rendre avec notre
aerostat gonfle au chateau du Colombier, a cote du ballon la _Ville de
Langres_, et la nous attendrons les ordres. Quatre cordes sont fixees au
cercle du ballon. Cent cinquante mobiles empoignent chacune d'elles. Je
monte dans la nacelle avec Jossec, mon frere reste a terre pour commander
la marche. Nous vidons par dessus bord un assez grand nombre de sacs de
lest, jusqu'a ce que le _Jean-Bart_ s'eleve; il monte lentement a 40
metres de haut ou il est retenu par ses quatre cables, a l'extremite
desquels sont pendues des grappes humaines. Le ballon se penche a droite
et a gauche sous l'effort de la brise. Pauvre aerostat! Fils de l'air; ami
des nuages floconneux, le voila rive au plancher terrestre, il fait crier
ses cordages et semble souffrir de cette captivite, dont il se plaint par
le gemissement de la nacelle, tiree dans tous les sens.
Les mobiles atteles aux cordes remorquent le ballon dans la direction
voulue; c'est merveille de voir cette promenade que nous executons a 30
metres a
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