FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85  
86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   >>  
nel.--"Voici leur baraque, dit-il: entrons!" Il frappa longtemps en vain. Alors une voisine, qui sortait de chez elle pour se rendre a l'eglise, nous ayant apercus:--"Ils sont a la messe, messieurs; ils vont prier pour le pere." "Nous les verrons en sortant," dit mon cousin. La lune a son declin profilait au bord de l'horizon sa silhouette de faucille au milieu de cette semaille infinie de grains luisants jetes a poignee dans l'espace. Et par la campagne noire, des petits feux tremblants s'en venaient de partout vers le clocher pointu qui sonnait sans repit. Entre les cours des fermes plantees d'arbres, au milieu des plaines sombres, ils sautillaient, ces feux, en rasant la terre. C'etaient des lanternes de corne que portaient les paysans devant leurs femmes en bonnet blanc, enveloppees de longues mantes noires, et suivies des mioches mal eveilles, se tenant la main dans la nuit. Par la porte ouverte de l'eglise, on apercevait le choeur illumine. Une guirlande de chandelles d'un sou faisait le tour de la pauvre nef; et par terre, dans une chapelle a gauche, un gros Enfant-Jesus etalait sur de la vraie paille, au milieu des branches de sapin, sa nudite rose et manieree. L'office commencait. Les paysans courbes, les femmes a genoux, priaient. Ces simples gens, releves par la nuit froide, regardaient, tout remues, l'image grossierement peinte, et ils joignaient les mains, naivement convaincus autant qu'intimides par l'humble splendeur de cette representation puerile. L'air glace faisait palpiter les flammes. Jules me dit: "Sortons! on est encore mieux dehors." Et sur la route deserte, pendant que tous les campagnards prosternes grelottaient Devotement, nous nous mimes a recauser de nos souvenirs, si longtemps que l'office etait fini quand nous revinmes au hameau. Un filet de lumiere passait sous la porte des Fournel. "Ils veillent leur mort, dit mon cousin. Entrons enfin chez ces pauvres gens, cela leur fera plaisir." Dans la cheminee, quelques tisons agonisaient. La piece, noire, vernie de salete, avec ses solives vermoulues brunies par le temps, etait pleine d'une odeur suffocante de boudin grille. Au milieu de la grande table, sous laquelle la huche au pain s'arrondissait comme un ventre dans toute sa longueur, une chandelle, dans un chandelier de fer tordu, filait jusqu'au plafond l'acre fumee de sa meche en champignon.--Et les deux Fournel, l'homme et la femme, reveillonnaient en tete-a-tete. M
PREV.   NEXT  
|<   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85  
86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   >>  



Top keywords:

milieu

 

cousin

 

longtemps

 

office

 

paysans

 

faisait

 

eglise

 

Fournel

 

femmes

 

deserte


pendant
 

souvenirs

 

recauser

 
campagnards
 
prosternes
 
grelottaient
 

Devotement

 
palpiter
 

joignaient

 

naivement


convaincus

 

autant

 

peinte

 

grossierement

 

froide

 

releves

 

regardaient

 

remues

 

intimides

 

humble


Sortons
 
encore
 
dehors
 

flammes

 

representation

 

splendeur

 

puerile

 

revinmes

 
quelques
 
arrondissait

ventre

 

chandelle

 
longueur
 

grille

 
grande
 

laquelle

 
chandelier
 

champignon

 

reveillonnaient

 
filait