FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   >>  
re, voulez-vous gagner honnetement dix francs par semaine?" Je lui repondis sincerement: "A vot' service, madame." Alors ell'me dit: "Venez me trouver demain, a midi. Je suis Mme Bonderoi, 6, rue de la Tranchee. --J'n'y manquerai pas, madame, soyez tranquille." Puis, ell'me quitta d'un air content en ajoutant: "Je vous remercie bien, militaire. --C'est moi qui vous remercie, madame." Ca ne laissa pas que d'me taquiner jusqu'au lendemain. A midi, je sonnais chez elle. Ell' vint m'ouvrir elle-meme. Elle avait un tas de petits rubans sur la tete. "Depechons-nous, dit-elle, parce que ma bonne pourrait rentrer." Je repondis: "Je veux bien me depecher. Qu'est-ce qu'il faut faire?" Alors, elle se mit a rire et riposta: "Tu ne comprends pas, gros malin?" Je n'y etais plus, mon cap'taine, parole d'honneur. Ell' vint s'asseoir tout pres de moi, et me dit: "Si tu repetes un mot de tout ca, je te ferai mettre en prison. Jure que tu seras muet." Je lui jurai ce qu'ell' voulut. Mais je ne comprenais toujours pas. J'en avais la sueur au front. Alors je retirai mon casque ousqu'etait mon mouchoir. Elle le prit, mon mouchoir, et m'essuya les cheveux des tempes. Puis v'la qu'ell' m'embrasse et qu'ell' me souffle dans l'oreille: "Alors, tu veux bien?" Je repondis: "Je veux bien ce que vous voudrez, madame, puisque je suis venu pour ca." Alors ell' se fit comprendre ouvertement par des manifestations. Quand j'vis de quoi il s'agissait, je posai mon casque sur une chaise; et je lui montrai que dans les dragons on ne recule jamais, mon cap'taine. Ce n'est pas que ca me disait beaucoup, car la particuliere n'etait pas dans sa primeur. Mais y ne faut pas se montrer trop regardant dans le metier, vu que les picaillons sont rares. Et puis on a de la famille qu'il faut soutenir. Je me disais: "Y aura cent sous pour le pere, la-dessus." Quand la corvee a ete faite, mon cap'taine, je me suis mis en position de me retirer. Elle aurait bien voulu que je ne parte pas sitot. Mais je lui dis: "Chacun son du, madame. Un p'tit verre ca coute deux sous, et deux p'tits verres, ca coute quatre sous." Ell' comprit bien le raisonnement et me mit un p'tit napoleon de dix balles au fond de la main. Ca ne m'allait guere, c'te monnaie-la, parce que ca vous coule dans la poche, et quand les pantalons ne sont pas bien cousus, on la retrouve dans ses bottes, ou bien on ne la retrouve pas. Alors que je regardais ce
PREV.   NEXT  
|<   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   >>  



Top keywords:

madame

 
repondis
 

retrouve

 

casque

 

mouchoir

 

remercie

 
picaillons
 
metier
 

montrer

 
regardant

francs

 

disais

 

primeur

 

famille

 

soutenir

 

particuliere

 

agissait

 

ouvertement

 
manifestations
 

sincerement


chaise

 

montrai

 

disait

 

beaucoup

 
dessus
 

jamais

 
dragons
 

semaine

 

recule

 
allait

balles

 

comprit

 

raisonnement

 

napoleon

 

monnaie

 

bottes

 
regardais
 

cousus

 

pantalons

 

quatre


verres

 

aurait

 

retirer

 

position

 
comprendre
 
Chacun
 

gagner

 

voulez

 
honnetement
 

corvee