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les departemens du bassin de la Loire, encore incertains; que six mille
Marseillais, postes a Avignon, en attendant les Languedociens au
Pont-Saint-Esprit, occupe deja par huit cents Nimois, etaient a portee de
se reunir a Lyon avec tous les federes de Grenoble, de l'Ain et du Jura,
pour fondre, a travers la Bourgogne, sur Paris. En attendant cette
jonction generale, les federalistes prenaient tous les fonds dans les
caisses, interceptaient les subsistances et les munitions envoyees aux
armees, et remettaient en circulation les assignats rentres par la vente
des biens nationaux. Une circonstance remarquable, et qui caracterise bien
l'esprit des partis, c'est que les deux factions s'adressaient les memes
reproches et s'attribuaient le meme but. Le parti de Paris et de la
Montagne imputait aux federalistes de vouloir perdre la republique en la
divisant, et de s'entendre avec les Anglais pour faire un roi, qui serait
ou le duc d'Orleans, ou Louis XVII, ou le duc d'York. De son cote, le
parti des departemens et des federalistes accusait la Montagne de vouloir
amener la contre-revolution par l'anarchie, et disait que Marat,
Robespierre, Danton, etaient vendus a l'Angleterre ou a d'Orleans. Ainsi
des deux cotes, c'etait la republique qu'on pretendait sauver, et la
monarchie dont on croyait combattre le retour. Deplorable et ordinaire
aveuglement des partis!
Mais ce n'etait la qu'une portion des dangers de notre malheureuse patrie.
L'ennemi du dedans n'etait a craindre qu'a cause de l'ennemi du dehors,
devenu plus redoutable que jamais. Tandis que des armees de Francais
s'avancaient des provinces vers le centre, des armees d'etrangers
entouraient de nouveau la France et la menacaient d'une invasion presque
inevitable. Depuis la bataille de Nerwinde et la defection de Dumouriez,
une suite effrayante de revers nous avait fait perdre nos conquetes et
notre frontiere du Nord. On se souvient que Dampierre, nomme general en
chef, avait rallie l'armee sous les murs de Bouchain, et lui avait rendu
la un peu d'ensemble et de courage. Heureusement pour la revolution, les
Coalises, fideles au plan methodique arrete au commencement de la
campagne, ne voulaient percer sur aucun point, et ne devaient penetrer en
France que lorsque le roi de Prusse, apres avoir pris Mayence, pourrait
s'avancer dans le coeur de nos provinces. S'il s'etait trouve chez les
generaux de la coalition un peu de genie ou un peu d'union, la cause de la
revol
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