s. Ces chefs avaient
fait une proclamation au nom de Louis XVII et du comte de Provence, regent
du royaume en la minorite du jeune prince, et ils s'appelaient _commandans
des armees royales et catholiques_. Ils projeterent d'abord d'occuper la
ligne de la Loire, et de s'avancer sur Doue et Saumur. L'entreprise etait
hardie, mais facile en l'etat des choses. Le 7 ils entrerent a Doue, et
arriverent le 9 devant Saumur. Des que leur marche fut connue, le general
Salomon, qui etait a Thouars avec trois mille hommes de bonnes troupes,
recut l'ordre de marcher sur leurs derrieres. Salomon obeit, mais les
trouva trop en force; il n'aurait pu essayer de les entamer sans se faire
ecraser; il revint a Thouars, et de Thouars a Niort. Les troupes de Saumur
avaient pris position aux environs de la ville, sur le chemin de
Fontevrault, dans les retranchements de Nantilly et sur les hauteurs de
Bournan. Les Vendeens s'approchent, attaquent la colonne de Berthier, sont
repousses par une artillerie bien dirigee, mais reviennent en force, et
font plier Berthier, qui est blesse. Les gendarmes a pied, deux bataillons
d'Orleans et les cuirassiers resistent encore; mais ceux-ci perdent leur
colonel; alors la defaite commence, et tous sont ramenes dans la place, ou
les Vendeens penetrent a leur suite. Il restait encore en dehors le
general Coustard, commandant les bataillons postes sur les hauteurs de
Bournan. Il se voit separe des troupes republicaines, qui avaient ete
refoulees dans Saumur, et forme la resolution hardie d'y rentrer, en
prenant les Vendeens par derriere. Il fallait traverser un pont ou les
vainqueurs venaient de placer une batterie. Le brave Coustard ordonne a un
corps de cuirassiers qu'il avait a ses ordres, de charger sur la batterie.
"Ou nous envoyez-vous? disent ceux-ci.--A la mort, repond Coustard; le
salut de la republique l'exige." Les cuirassiers s'elancent, mais les
bataillons d'Orleans se debandent, et abandonnent le general et les
cuirassiers qui chargent la batterie. La lachete des uns rend inutile
l'heroisme des autres, et Coustard ne pouvant rentrer dans Saumur, se
retire a Angers.
Saumur fut occupe le 9 juin, et le lendemain le chateau se rendit. Les
Vendeens, etant maitres du cours de la Loire, pouvaient marcher ou sur
Nantes, ou sur la Fleche, le Mans et Paris. La terreur les precedait, et
tout devait ceder devant eux. Pendant ce temps, Biron etait dans la
Basse-Vendee, ou il croyait, en s'occupant des cotes,
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