titude, la convention envoyait commissaires sur
commissaires. Il y en avait a Tours, a Saumur, a Niort, a la Rochelle, a
Nantes. Ils se contrariaient entre eux et contrariaient les generaux. Le
conseil executif y entretenait aussi des agens, et le ministre Bouchotte
avait inonde le pays de ses affides, choisis tous parmi les jacobins et
les cordeliers. Ceux-ci se croisaient avec les representans, croyaient
faire preuve de zele en accablant le pays de requisitions, et accusaient
de despotisme et de trahison les generaux qui voulaient arreter
l'insubordination des troupes, ou empecher des vexations inutiles. Il
resultait de ce conflit d'autorites un chaos d'accusations et un desordre
de commandement effroyable. Biron ne pouvait se faire obeir, et il n'osait
mettre en marche son armee, de peur qu'elle ne se debandat au premier
mouvement, ou pillat tout sur son passage. Tel est le tableau exact des
forces que la republique avait a cette epoque dans la Vendee.
Biron se rendit a Tours, arreta un plan eventuel avec les representans,
qui consistait, des qu'on aurait un peu reorganise cette multitude
confuse, a porter quatre colonnes de dix mille hommes chacune de la
circonference au centre. Les quatre points de depart etaient les ponts de
Ce, Saumur, Chinon et Niort. En attendant, il alla visiter la
Basse-Vendee, ou il supposait le danger plus grand que partout ailleurs.
Biron craignait avec raison que des communications ne s'etablissent entre
les Vendeens et les Anglais. Des munitions et des troupes debarquees dans
le Marais pouvaient aggraver le mal et rendre la guerre interminable. Une
flotte de dix voiles avait ete signalee, et on savait que les emigres
bretons avaient recu l'ordre de se rendre dans les iles de Jersey et
Guernesey. Ainsi tout justifiait les craintes de Biron, et sa visite dans
la Basse-Vendee.
Sur ces entrefaites, les Vendeens s'etaient reunis le 1er juin. Ils
avaient introduit quelque regularite chez eux, et nomme un conseil pour
gouverner le pays occupe par leurs armees. Un aventurier, qui se faisait
passer pour eveque d'Agra et envoye du pape, presidait ce conseil, et, en
benissant des drapeaux, en celebrant des messes solennelles, excitait
l'enthousiasme des Vendeens, et leur rendait ainsi son imposture tres
utile. Ils n'avaient pas encore choisi un generalissime; mais chaque chef
commandait les paysans de son quartier, et il etait convenu qu'ils se
concerteraient entre eux dans toutes leurs operation
|