la promesse qu'il avoit du sorcier, et reiteree de Baltazo
durant le souper qu'il gueriroit sa femme, s'il le vouloit laisser seul
avec elle: mais le maitre d'escole avertit le mary de prendre bien garde de
consentir cela. Quelque demie heure apres le mary qui s'etoit retire, amene
Baltazo dans l'eglise, que l'esprit Baalzebub qui possedoit la femme appela
incontinent par son nom, et luy dit quelques paroles. Depuis Baltazo sort
de l'eglise, disparoit et ne scait-on ce qu'il devint. Le maistre d'escole
qui voit tout cecy, conjure Baalzebub, et le contraint de confesser que
Baltazo etoit diable et avoit prins le corps d'un mort, et que si la
demoniaque eut este laissee seule, il l'eust emportee en corps et en ame."
[Note 1: _Discours et histoires des spectres, visions, etc._ p.
244.]
"L'exemple de Nicole Aubry, demoniaque de Laon est plus que suffisant pour
montrer ce que je dis, ajoute Le Loyer[1]. Car devant que le diable entrast
en son corps, il se presenta a elle en la forme de son pere decede
subitement, luy enjoignit de faire dire quelques messes pour son ame, et de
porter des chandelles en voyage. Il la suivoit partout ou elle alloit sans
l'abandonner. Cette femme simple obeit au diable en ce qu'il lui
commandoit, et lors il leve le masque, se montre a elle, non plus comme son
pere, mais comme un phantosme hideux et laid, qui luy persuadoit tantost de
se tuer, tantost de se donner a luy.--Cela se pouvoit attendre par les
reponses que la demoniaque faisoit au diable, luy resistant en ce qu'elle
pouvoit.--Je me veux servir de l'histoire de la demoniaque de Laon attestee
par actes solennels de personnes publiques, tout autant que si elle estoit
plus ancienne. Il y a des histoires plus anciennes qu'elle n'est, ou a
peine on pourroit remarquer ce qui s'est veu en ceste femme demoniaque. Ce
fut pour nostre instruction que la femme fut ainsi tourmentee au coeur de
la France, mais notre libertinisme fut cause que nous ne les peusmes
apprendre."
[Note 1: _Discours et histoires des spectres, visions, etc._, p.
320.]
Bodin[1] fait connaitre une histoire analogue:
[Note 1: _Demonomanie_, livre III, ch. VI.]
"Pierre Mamor recite, dit-il, qu'a Confolant sur Vienne, apparut en la
maison d'un nomme Capland un malin esprit se disant estre l'ame d'une femme
trespassee, lequel gemissoit et crioit en se complaignant bien fort,
admonestant qu'on fist plusieurs prieres et voyages, et revela beaucoup de
|